Avant même de penser au traitement médicamenteux, l’isolement, le thermomètre et le nursing font partie des réflexes indispensables à la découverte d’un cas de diarrhée.
« Rappelez-vous que le nursing est essentiel et doit venir bien avant la seringue », démarre Dr Louise Vesin. Et de poursuivre : « D’une part, un veau en diarrhée doit être isolé car il peut contaminer toute la nurserie. D’autre part, on ne le laisse pas sur de la paille humide en plein courant d’air en passant le voir une fois le matin et une fois le soir. S’occuper d’un veau en diarrhée réclame beaucoup de temps et d’attention. C’est beaucoup plus chronophage que de gérer des veaux qui toussent ! »
Limiter au minimum l’arrêt du lait
Pour le vétérinaire, le premier geste à effectuer est de prendre la température, « car un veau diarrhéique en hypothermie sera à réchauffer au plus vite avec une lampe chauffante, des bouillottes… »
Pour ce qui concerne la réhydratation, elle sera, selon les signes cliniques, « uniquement orale ou préalablement intraveineuse ». Le choix de cette réhydratation dépendra du type de diarrhée et des symptômes. La règle la plus importante à retenir est de limiter au minimum l’arrêt de l’alimentation lactée, le lait étant la meilleure source d’énergie que l’on peut apporter au veau. « Un réhydratant n’apporte pas ou peu d’énergie mais des électrolytes et des tampons en quantité pour aider au rétablissement de la volémie et pallier les pertes d’électrolytes dans l’intestin. Un sachet repas est plus complet apportant aussi des molécules énergétiques et éventuellement des adjuvants types protecteurs de muqueuse par exemple. »
Des substances telles que les argiles (bentonite, montmorillonite, smectite, charbon activé ou non…) sont également évoquées « Toutes ont des effets plus ou moins protecteurs de la muqueuse intestinale et des propriétés absorbantes et adsorbantes plus ou moins étendues indispensables à la guérison. »
Le traitement anti-infectieux n’est pas forcément antibiotique
Enfin, la vétérinaire rappelle que la douleur de l’entérite doit être gérée par utilisation d’anti-inflammatoires. « En dernier lieu, viennent les traitements anti-infectieux qui ne sont pas forcément des traitements antibiotiques puisque des associations de molécules naturellement retrouvées dans le lait (lactoferrine et lactoperoxydase) donnent déjà de bons résultats, de même que certaines huiles essentielles (origan) et levures (effet barrière, réensemencement). L’utilisation des antibiotiques ne doit pas être systématique et doit surtout être justifiée. »
Collecter le maximum d’indices
[caption id= »attachment_25145″ align= »alignright » width= »150″] Dr Thomas Ghisbain, GTV Bretagne[/caption]
Dr Thomas Ghisbain rappelle que face à une diarrhée néonatale, il n’y a pas de traitement unique. « L’orientation du traitement est influencée par les signes cliniques comme le type de diarrhée et sa gravité, le contexte de l’élevage… ». Pour établir un diagnostic et un pronostic précis de la diarrhée, il convient d’évaluer plusieurs paramètres sur l’animal souffrant. Au chevet du malade, l’éleveur doit toujours collecter le maximum d’indices qui seront ensuite utiles pour nourrir le diagnostic éthologique dans un échange avec le vétérinaire. Ainsi il faut :
- Observer le type de diarrhée (qui peut être scorée de 0 à 3) avec ou non présence de sang et/ou de mucus.
- Déterminer le degré de déshydratation : œil creux, pli de peau persistant… Rechercher des signes de septicémie.
« La septicémie est le passage dans le sang des germes pathogènes (E. coli, salmonelles) issus du tube digestif et formant des foyers secondaires dans l’organisme. Au nombre des symptômes mettant sur cette piste, on retrouve le décubitus, l’anorexie, l’absence de réflexe de succion, la dépression, l’hyper puis/ou l’hypothermie, puis après évolution des arthrites, des méningites par exemple. » – Identifier enfin d’éventuels signes d’acidose métabolique caractérisée par exemple par une absence de réflexe de succion, une dépression, un décubitus, un coma. Après avoir apporté les premiers soins au veau malade, l’important est aussi de savoir quand laisser la main à son vétérinaire. « L’altération de l’état général, l’absence de réflexe de succion, un veau couché ; une déshydratation importante (œil creux, extrémités froides, pli de peau persistant), une hyper ou hypothermie le plus souvent sont des signes cliniques graves. Dans ces cas, le praticien doit absolument intervenir. »