Aux petits soins des chevreaux

fernande-guillomon-chevre-1 - Illustration Aux petits soins des chevreaux
Limiter la mortalité des chevreaux est indispensable pour assurer le renouvellement du troupeau et la pérennité des filières d’engraissement.

L’heure des mises bas a sonné. La surveillance est donc de mise dans la nurserie et ce, d’autant plus durant les premières semaines de vie des chevrettes. Une nécessité pour diminuer le taux de mortalité important dans les élevages caprins bretons, stagnant à 15 % des chevrettes non sevrées, selon une étude récente menée par le GDS de Bretagne. La visite du vétérinaire-conseil cette année a été l’occasion d’analyser les pratiques d’élevage. Au Gaec Guillomon, à Domloup (35), sur les 463 chevreaux nés en 2016, le taux de mortalité des chevreaux nés vivants à 30 jours, s’élève à 2,8 % et seulement 2 pertes sont dénombrées sur les 160 chevrettes de renouvellement (pour une moyenne régionale à 5 %).

Un bâtiment désinfecté

Après le départ des chevrettes fin août dans la chèvrerie, la nurserie est vidée et démontée. Sols, murs et matériels sont lavés à l’eau chaude et désinfectés (ammonium quaternaire). Depuis quelques jours, le bâtiment isolé et chauffé à 15 °C s’apprête à accueillir les nouveau-nés. À chacun son espace : 3 chevreaux de boucherie/m² d’un côté du bâtiment et 1 chevrette de renouvellement/m² de l’autre côté, par lots de 25 animaux. Le sol bétonné est recouvert de sciure spécifique litière (sur 10 cm) utilisé comme asséchant, « une barrière efficace contre les colibacilloses et la cryptosporidiose », assure Fernande Guillomon. Puis d’une couche équivalente de paille. Tous les deux jours, un léger paillage est de nouveau effectué. « Avec une litière bien sèche, il n’y a pas d’ammoniac. Le volume important de la nurserie – ancien bâtiment à lapin – assure une bonne ambiance. »

[caption id= »attachment_25515″ align= »aligncenter » width= »680″]Les 4 premiers jours de vie des chevreaux, Fernande Guillomon bloque les animaux deux fois par jour, pour s'assurer d'une prise quotidienne de lait suffisante à la louve.

 Les 4 premiers jours de vie des chevreaux, Fernande Guillomon bloque les animaux deux fois par jour, pour s’assurer d’une prise quotidienne de lait suffisante à la louve.[/caption]

Du colostrum de qualité

Pour respecter le protocole Caev (1), les animaux sont retirés de la mère dès la naissance. Ils sont placés dans un local près de la salle de traite, sous des lampes chauffantes, le temps du séchage et de la prise d’un biberon de 300 ml d’un colostrum de qualité (d’une teneur minimale de 25 % Brix au réfractomètre) et thermisé pour les chevrettes de renouvellement. Au préalable, les cordons ombilicaux sont désinfectés par trempage à la teinture d’iode et un tip-tag est apposé à l’oreille, en attendant l’identification définitive.

4 jours de surveillance accrue

Une fois sec, le chevreau intègre la nurserie. « Le lendemain matin, je retrempe le cordon dans de l’iode, pour que le cordon sèche plus vite », décrit l’éleveuse. Pendant les 4 premiers jours, elle surveille ses animaux en les parquant dans les lots : les chevreaux de boucherie et chevrettes de renouvellement passent un par un boire à la louve. Le lait sans spray est concentré à 150 g/L d’eau. Si les chevreaux de boucherie partent en atelier d’engraissement au bout de 4 jours, les chevrettes reçoivent quant à elles du foin dans un râtelier et de l’aliment de démarrage dans un nourrisseur au bout d’une semaine. À deux mois, le sevrage est brutal à l’arrêt de la louve. « Elles ne consomment pas toujours 200 g de concentrés au sevrage. Mais, l’objectif des 500 g consommés, 15 jours après le sevrage, est rapidement atteint ».

Des chèvres bien alimentées pour des chevreaux vigoureux

Seuls les chevreaux les plus vigoureux sont gardés (objectif de poids de naissance : 3 kg minimum). Pour cela, les chèvres doivent être bien alimentées les derniers mois de gestation. Aussi, la ration augmente progressivement du tarissement à six semaines avant la mise bas de 0,4 à 0,5 kg de luzerne déshydratée, de 0,6 à 1 kg de bouchons de maïs épi plante entière et de 50 g à 250 g de correcteur azoté enrichi en supplémentation minérale et oligoéléments. Le foin est distribué à volonté.

(1) Le Caev (Arthrite encéphalite caprine) est une maladie virale de la chèvre.


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