De la laiterie aux veaux, une pompe pousse le yaourt

veaux-buvee-lait-yaourt-2 - Illustration De la laiterie aux veaux, une pompe pousse le yaourt
Au Gaec Le Berre, à Crozon (29), les veaux sont nourris sans porter de seau. Une pompe envoie le yaourt de la laiterie aux cases des petits grâce à deux circuits.

Cela fait 10 années que le lait yaourt a été adopté au Gaec Le Berre à Crozon (29). Les éleveurs apprécient notamment la « simplicité » de la gestion de la phase lactée : « D’abord, le yaourt permet de s’occuper des veaux en décalé par rapport à la traite. L’organisation du travail en est facilitée », explique Kevin Le Berre. « Et puis, il n’y a plus d’histoire de température du lait à la buvée. Le yaourt est distribué à température ambiante, c’est très pratique », poursuit Pascal Le Berre qui note qu’il y avait davantage de diarrhées alimentaires à l’époque de la distribution classique de lait.

Les associés jugent également que les croissances des veaux sont « un peu meilleures » grâce au yaourt. Celles-ci sont d’ailleurs jaugées de temps en temps par la mesure de la taille et du tour thoracique au ruban barymétrique sur quelques génisses. L’objectif étant d’atteindre un âge de « 25 mois au premier vêlage. » Autre remarque en faveur du yaourt : « Les veaux consomment plus rapidement de l’aliment solide. »

[caption id= »attachment_25428″ align= »aligncenter » width= »680″]veaux-buvee-lait-yaourt-1 Le réservoir de la buvée est fabriqué maison : un bidon percé de trous de 22 mm de diamètre pour pouvoir installer les tétines. Les trois chaînes servent à stabiliser le bidon, « sinon les veaux s’amusent en le faisant voler… ». Grâce à la chaîne verticale, la hauteur de buvée est régulièrement revue pour « s’adapter aux animaux qui grandissent et au fumier qui s’accumule sous leurs pieds. »[/caption]

Les deux cuves de la yaourtière d’élevage

Au départ, Pascal s’est intéressé à cette autre façon d’appréhender la phase lactée en parcourant « les portes ouvertes de fermes utilisatrices. » Il en a fait sa propre synthèse pour mettre en place sa yaourtière d’élevage. Depuis, l’affaire est bien rodée au Gaec. Dans la laiterie, à proximité du tank, deux cuves de 220 L sont installées en permanence.

L’une est vide au début de la journée : « Le matin et le soir, on y met en priorité les colostrum, sauf celui de la première traite qui est trop gras, les laits en toute fin de délai d’attente… Et on complète si besoin avec du lait du tank. »

L’autre est pleine du yaourt qui fermente depuis la veille. Elle va être distribuée aux veaux en milieu de matinée. Presqu’entièrement, mais pas tout à fait : « Nous veillons toujours à garder le fond de cuve de yaourt pour ensemencer les laits mélangés dans l’autre et ainsi lancer une bonne fermentation. »

Maîtriser de la température de fermentation

[caption id= »attachment_25427″ align= »aligncenter » width= »680″]La fabrication du yaourt diffuse un parfum de fromagerie dans la laiterie. Avec l’expérience, Pascal Le Berre est alerté par l’évolution de l’odeur quand il est temps de repartir avec un yaourt frais.  La fabrication du yaourt diffuse un parfum de fromagerie dans la laiterie. Avec l’expérience, Pascal Le Berre est alerté par l’évolution de l’odeur quand il est temps de repartir avec un yaourt frais.[/caption]

Au Gaec, les vêlages étant groupés d’août à novembre, les éleveurs démarrent le yaourt des veaux quand arrivent les premiers vêlages. « Le premier jour, on mélange quatre yaourts du commerce dans 10 litres de lait. Ce mix sera le lendemain ajouté à la quantité de lait à faire fermenter… C’est alors parti pour la saison. » Les associés conseillent d’installer la yaourtière près de la salle de traite et de la laiterie, « c’est plus simple pour alimenter les cuves », dans un local tempéré. L’idéal est de mettre un lait à fermenter à une température de 15 à 17 °C.

« En période où il y a peu de naissances, les premières traites des fraiches vêlées ne suffisent pas à fabriquer le volume de yaourt nécessaire. On ajoute alors du lait du tank à 2,5 °C dans la cuve, cela aide à obtenir la température idéale de fermentation. » Mais c’est surtout la chaleur qui est à craindre : « En août-septembre, quand il y a beaucoup de vêlages, la cuve monte à près de 20 °C. Le parfum de fromagerie peut laisser place à une odeur plus forte. Quand ça dérape un peu, les plus jeunes veaux ont tendance à bouder leur yaourt. Il est de temps de repartir sur avec un nouveau yaourt, bien appétent. »

Les petits boivent 8 litres en 1 heure

Juste avant de donner le top départ de la buvée, il est nécessaire de touiller quelques instants le yaourt de la cuve avec un fouet. « Le produit se présentant en deux phases, le sérum et le caillé, il faut homogénéiser. » D’autant qu’au Gaec, le système se fait sans manutention : « Nous avons installé une petite pompe d’arrosage, achetée en jardinerie, qui envoie le yaourt de la cuve jusqu’aux cases des veaux. » Un simple jeu de vannes, « un peu sur le principe de la machine à soupe en porcherie », permet d’orienter le produit vers le « circuit des petits » ou vers le « circuit des grands ».

Et c’est de la laiterie, en suivant la descente du yaourt sur une règle graduée dans la cuve que la distribution est contrôlée. En moins de 10 minutes, sans effort, 120 L ont été envoyés vers les nurseries.      
Au démarrage, pendant la première semaine de vie, les veaux sont logés en case individuelle et reçoivent deux repas par jour de 2 à 2,5 litres de colostrum (lait des premières traites des vaches).

Ensuite, ils passent en case collective. Là, ils reçoivent 8 L de yaourt en un seul repas quotidien jusqu’à l’âge de 35 jours. Une buvée organisée autour d’un bidon équipé de tétines roses, « le modèle 1re étape, plus souple, du fabricant irlandais Peach Teats. » Les associés mettent généralement à disposition 6 tétines pour 10 à 12 veaux. « Cela suffit car les petits ont besoin d’une heure pour avaler leur 8 L. Dès que les dominants ont le ventre plein, la place est libre pour les autres. Et puis, nous surveillons pour être sûrs que chacun ait accès au yaourt. »
Puis, de 35 jours au sevrage à 70 jours, la dose de yaourt est diminuée à 4 L. Les veaux ont alors à nouveau changé de cases et de tétines : « Ils boivent en tétant le modèle noir, plus dur. »

Grand vide sanitaire et vêlages au grand air

« Le bon vide sanitaire, c’est longtemps sans animaux », rappelle Pascal le Berre, imprégné par la culture hors-sol puisque l’exploitation compte également un atelier porcin. Ainsi, au Gaec, 100 % des vêlages étant groupés de début août à fin novembre, le vide sanitaire des cases à veaux dure environ 6 mois après un passage de nettoyeur haute-pression et de désinfectant.

Jusqu’à fin octobre, les mises bas se déroulent à l’extérieur : « 24 heures avant le vêlage, la parturiente est amenée dans un paddock très passant devant la maison pour que nous puissions la surveiller facilement par les fenêtres, sans sortir. » Le nouveau-né y passe 24 heures avec sa mère, « le temps qu’il boive le colostrum et qu’elle délivre. » Par contre, si le veau est faible ou que la mère a une mamelle de mauvaise qualité, « nous les rentrons et par sécurité, nous faisons boire le colostrum. »


Tags :
Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article