Accroître l’autonomie alimentaire et renforcer le lien territoires / produits sont des atouts à développer dans l’Ouest selon Valérie Brocard qui a participé à des études sur les différents systèmes européens.
Les éleveurs français ont moins développé leur production laitière que leurs voisins européens ces dernières années. « Le lien foncier / quotas avait été maintenu en France, générant de la diversification et recherche d’autonomie à la place de la spécialisation. L’autonomie est accentuée par des coûts de foncier relativement faibles », a souligné Valérie Brocard, de l’Institut de l’élevage, lors d’une conférence organisée par la Collectivité Eau du Bassin Rennais. Le climat océanique est par ailleurs favorable à la production de fourrages riches en énergie et azote.
Coûts de mécanisation les plus élevés
Dans l’ouest de la France, les systèmes alimentaires des troupeaux laitiers sont beaucoup plus autonomes qu’en Irlande, Allemagne du Nord, Pays-Bas et Danemark, état le plus consommateur d’aliments achetés. « La France en consomme moitié moins que la moyenne, avec 170 g/L. Mais cette autonomie alimentaire est onéreuse car elle entraîne des coûts de mécanisation pour produire les fourrages. On observe aussi dans l’ouest des doublons et du suréquipement en tracteurs. Au final, le coût de production/1 000 L est identique à celui du Danemark. L’Irlande affiche le plus bas coût de production du fait de ses charges de mécanisation très inférieures. »
Intensification modérée en Bretagne
Les données issues des 128 fermes pilotes du projet Dairyman (programme européen sur la durabilité des systèmes laitiers) montrent que le chargement est faible en Bretagne, de 1,4 UGB/ha contre 2 UGB/ha dans le Nord / Pas-de-Calais, 1,7 en Allemagne (Baden-Württemberg) et 2,3 en Irlande. « Nos voisins forcent davantage sur les intrants minéraux. »
Notre faible intensification est aussi due à la réglementation environnementale appliquée en Bretagne. « Cependant nos voisins intègrent davantage la préoccupation environnementale dans leur croissance. Produire du lait « autonome » par hectare, plutôt que de maximiser le lait/ha, est un atout compétitif pour les éleveurs de l’Ouest », conclut Valérie Brocard.