Comment réduire les consommations énergétiques, faire des économies et assurer la traçabilité sanitaire des laits produits ? C’est l’enjeu d’un projet territorial qui réunit collectivités, laiteries, institut et pôle de recherche autour des tanks à lait de l’usine Serap.
Le projet Tank à lait 2020 veut réduire de 80 % la consommation annuelle d’électricité issue du réseau de distribution, pour les usages froid et eau chaude de la salle de traite(1). Les consommations en heure de pointe seront totalement effacées. Ce tank à lait innovant répondra aussi aux enjeux climatiques, en se démarquant d’une énergie nucléaire et en participant à la réduction des gaz à effet de serre : ses concepteurs veulent supprimer l’utilisation de fluides frigorigènes à fort PRG (potentiel de réchauffement global). Il porte aussi un aspect « solidaire », le projet présentera un prototype de tank à lait autonome en énergie pour les pays en développement.
« Un projet de filière »
Le montant du projet s’élève à 2,9 millions d’euros, dont 2,1 millions pour la phase de recherche et de développement, qui nécessitera trois ans. Serap table ensuite sur un an d’industrialisation. Les Régions Bretagne et Pays de la Loire ont chacune versé 66 500 euros, l’État et l’Adème près de 800 000 euros.
« C’est un projet de filière », souligne Jean-Louis Poulet, de l’Institut de l’Élevage. Deux transformateurs, Laïta et Lactalis, y sont associés. Car le futur process doit sécuriser la chaîne du froid et refroidir efficacement le lait — « de 37 °C à 4 °C en moins de trois minutes » chez Serap. Tank à lait 2020 a été détaillé mercredi à la presse, au siège de l’entreprise, à Gorron (Mayenne). Le numéro 2 mondial des tanks à lait a été approché par les acteurs bretons, déjà inscrits dans la recherche de solutions de réduction énergétique au bloc traite.
La continuité de Éco Énergie Lait
Ce projet s’inscrit dans la continuité d’un programme lancé en 2009 en Bretagne. Éco Énergie Lait réunit le Conseil régional de Bretagne, les Conseils départementaux et l’Adème, pour les financements ; GIE Élevages de Bretagne, l’Institut de l’Élevage et le Pôle Cristal, pour les travaux de recherche sur l’évaluation, puis la promotion de « solutions efficaces de réduction des consommations d’électricité dans les ateliers laitiers ». Le Pôle Cristal est un centre de ressource technologique dans les domaines du génie climatique et de la réfrigération, basé à Dinan (22). « Ils sont venus nous chercher », avoue Olivier Rosat, directeur du GIE Élevages de Bretagne, l’une des pierres angulaires du projet.
Un quart des élevages laitiers bretons engagés
Depuis, « près d’un quart des exploitations laitières bretonnes sont équipées d’un pré-refroidisseur de lait et de récupérateurs de chaleur sur leur tank. » Cela représente 2 677 élevages subventionnés pour l’installation de 2 174 prérefroidisseurs et 503 récupérateurs de chaleur.
Tank à lait 2020 doit permettre d’aller plus loin. « On travaille déjà sur les économies d’énergie à la ferme. L’idée était de se demander pourquoi ne pas travailler sur l’équipement lui-même », raconte le directeur du Pôle Cristal, Frédéric Bazantay.
Frédéric Gérard
(1) Le refroidissement du lait est le premier poste de consommation d’électricité en élevage (35 à 45 % de la consommation totale).