Les médecines alternatives sont une solution d’avenir

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Dr Véréna Hantraye-Curvers, vétérinaire qui utilise au quotidien l’ostéopathie, l’homéopathie et la phytothérapie, nous parle de l’intérêt de ces thérapies complémentaires.

Quelle est la place des médecines complémentaires en élevage ?

Les médecines dites alternatives peuvent être complémentaires des thérapies utilisées actuellement. Mieux, elles sont une solution d’avenir pour de nombreuses raisons. D’abord, la tendance est clairement à une forte diminution de l’usage des médicaments. Par exemple, l’utilisation des antibiotiques dits critiques est désormais soumise à un protocole exigeant comme une analyse préalable… Un durcissement de la réglementation est en préparation et attendu probablement en avril : pour un traitement, il faudra déclarer nom et numéro d’élevage, numéro de la boucle de l’animal, posologie, durée de traitement et délai d’attente…

Une vraie usine à gaz administrative pour le vétérinaire qui passera bientôt plus de temps à remplir les déclarations qu’à soigner les animaux. Ensuite, il n’existe pas une thérapie qui marche sur tout, mais il existe des patients. Si on ne connaît qu’une seule solution, on risque de se retrouver dans une voie sans issue et de subir. Quand on connaît plusieurs options –médecine vétérinaire, homéopathie, aromathérapie, ostéopathie…-, on peut choisir.

L’un des avantages de ces médecines complémentaires est le traitement par lot…

Si l’ostéopathie par exemple ne se pratique généralement que sur un ou deux individus, d’autres méthodes sont très adaptées au traitement de groupe parce qu’elles sont faciles à mettre en œuvre et bon marché.  

En aromathérapie (huiles essentielles) par exemple, il est possible de diluer le produit dans de la poudre de lait pour les veaux ou dans de l’alcool pour une pulvérisation l’été en salle de traite (ça sent bon et les vaches apprécient). Pour l’homéopathie, c’est plus simple de l’administrer dans le lait des jeunes veaux dans une nurserie à problèmes que de recourir à des injections pour tous les animaux qui toussent. En plus, c’est moins traumatisant.     

Si vous utilisez la plupart de ces solutions, vous êtes passionnée d’homéopathie. Comment ça marche ?

C’est une technique médicale, mais presque aussi une philosophie car il faut remettre en cause tout ce qu’on a traditionnellement dans la tête par rapport à la maladie et à la médecine… L’allopathie est basée sur les contraires avec un médicament qui travaille à la place de l’organisme : antalgique contre la douleur, antipyrétique contre la fièvre, anti-toussif contre la toux, anti-diarrhéique contre la diarrhée… L’homéopathie ne fait pas du palliatif, c’est une médecine réactionnelle et holistique. Basée sur l’utilisation des semblables, elle stimule les défenses : contre la fièvre, on va se servir de la toxicité de la fièvre. Pour vulgariser, certains disent qu’elle agit comme un vaccin où on oblige l’organisme à réagir, c’est un message très simplifié mais pourquoi pas.

Quels sont les intérêts majeurs de l’homéopathie dans les exploitations ?

L’homéopathie est relativement sans danger. Quand on se trompe, le risque est presque nul, on ne va pas empoisonner l’animal. Seuls deux ou trois remèdes sont délicats à utiliser, dans des conditions particulières.

Autre avantage, il y a une gamme importante de remèdes disponibles sur le marché. Il n’y a pas de délai d’attente concernant le lait ou la viande d’un animal traité. La réglementation impose simplement d’utiliser des dilutions d’au moins 4 CH.

Cette médecine est également très peu coûteuse puisqu’un tube de granules est vendu autour de 2 €. Et puis, son recours pousse à recommencer à observer ses animaux. Elle redonne les rênes aux éleveurs. Au bout de deux ou trois ans d’utilisation, l’homéopathie redonne une grande liberté à votre troupeau. Une méthode à promouvoir largement. 

Se former pour utiliser les huiles essentielles

« L’aromathérapie, partie spécifique de la phytothérapie, utilise les huiles essentielles extraites de plantes par distillation. Si cela fonctionne très bien, il ne faut pas croire pour autant qu’une goutte d’huile sur le collier d’une vache va soigner sa mammite colibacillaire… Et il y a des règles à respecter car les huiles peuvent être irritantes, voire toxiques, pour les animaux et pour celui qui les administre qui doit porter des gants. Officiellement, seule une vingtaine d’huiles sont utilisables en élevage. Le délai d’attente est de 7 jours pour le lait et de 28 jours pour la viande. En bio, ces délais sont doublés. »


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