Prim’Holstein : Étoile ou le pari de l’inconnue

td_jouet-holstein - Illustration Prim’Holstein : Étoile ou le pari de l’inconnue
Nicolas Jouët, fraîchement installé, et Guillaume Moy partagent la passion des belles vaches. Ensemble, ils ont acheté une « vieille » vache et relèvent le défi de la sortir en concours.

Au 1er janvier, Nicolas Jouët a rejoint ses parents Chantal et Patrick à Plémet (22) en reprenant 58 ha et un troupeau. Cette installation a fait bouger les lignes. « La référence à produire a plus que doubler. Nous sommes passés de 50 à 100 vaches », explique le jeune éleveur. « En réaménageant le bâtiment, nous avions la place d’accueillir cet effectif. Et ce volume est tout de même un bon moyen de diluer les charges. » Pour l’occasion, 77 logettes creuses ont été installées. « Le système le plus confortable. Nous avons ainsi économisé le coût des tapis, ce qui a financé le caoutchouc sur les aires d’exercice. »

Sans une bonne préparation, aujourd’hui, une excellente vache ne peut plus gagner.

Pour autant, un côté de la stabulation est resté en litière accumulée. « Une manière de limiter l’investissement, mais aussi d’offrir aux vaches en fin de lactation un couchage moelleux. » Finalement, Nicolas Jouët, qui s’inspire beaucoup de ses voyages à travers l’Europe laitière, juge la gestion du troupeau plus performante avec 100 vaches. « Beaucoup de choses l’expliquent. Depuis quelques mois, nous travaillons en ration complète en suivant les conseils d’un nutritionniste. Nous alimentons deux fois par jour et repoussons à midi. Grâce aux filets brise-vent, l’ambiance est meilleure dans l’étable. Nous avons mis en place davantage de protocoles –surveillance, suivi post-partum, échographie– à chaque étape d’élevage. À l’arrivée, la production par vache se situe à 34,6 kg quotidiens. » 

Préparateur à Colmar

Passionné d’élevage, Nicolas Jouët est mordu de génétique et de concours. Il est même devenu, au fil des années, spécialiste de la préparation des animaux. Il a oeuvré par exemple au sein de l’équipe française à la Confrontation européenne de Colmar en juin 2016. « J’ai commencé à clipper avec Damien Gaubert, une référence en France. Dès le départ, j’ai aimé le rapport à l’animal, le fait d’apprendre des trucs d’éleveurs à transposer chez soi et surtout de « transformer », de mettre en valeur les vaches… », explique celui qui s’est occupé d’un grand nombre de participantes aux Terralies, au Space, aux nationaux. Jusqu’à se voir confier de grandes championnes comme Carmen OTS, à la SCL de la Ferme d’Autès (76), sacrée à Paris, Rennes et Lausanne… Il est également passé par les écoles des jeunes éleveurs de Ploërmel (56) et Battice (Belgique).

De l’art de préparer les vaches

Plus que le clippage, c’est la « préparation totale » qui passionne Nicolas Jouët. Ses rencontres en Espagne (Quim Serrabassa), en Italie (Al-Be-Ro), en Suisse l’ont beaucoup sensibilisé… « Sans une bonne préparation, une excellente vache ne peut plus gagner. Une alimentation parfaitement maîtrisée va jouer sur la texture du pis, l’ouverture de côte, la qualité du cuir qui devient du velours… » Chez lui, une case sur aire paillée est réservée aux concours. « Étoile y est accompagnée de vaches pour le Régional de Saint-Brieuc en mai. Il faut garder plusieurs animaux ensemble pour conserver un effet de compétition stimulant. L’isolement est stressant. » Elles sont nourries en ration sèche : foin et aliment. « Un régime au foin change la donne. Même si nous n’avons pas les mêmes moyens que les Suisses par exemple : là-bas, j’ai vu des foins plus riches que nos ensilages ! » Il égraine d’autres principes : « Avant un championnat, un pis doit être rempli plusieurs fois. Il faut avoir la même organisation au concours et à la ferme. Une douche réveille et stimule à manger… » Avant de terminer : « Il faut même connaître les rings et préparer les animaux en fonction. Certains sont clairs, d’autres plus sombres. »

Une passion partagée avec Guillaume Moy, lui aussi formé auprès de Damien Gobert, à l’école de Ploërmel ou en Angleterre et en Suisse. Aujourd’hui technicien chez Gènes Diffusion et photographe au bord des rings, le jeune homme a également travaillé comme pointeur chez Prim’Holstein France. Alors qu’ils possèdent en commun deux génisses (Atwood x Damion) issues d’embryons de la souche Langourla, ils ont décidé d’acquérir un nouvel animal l’automne dernier. « François Rault, éleveur à Saint-Thélo (22), vendait son troupeau. J’avais déjà repéré chez lui une vache en plein bouillon qui me plaisait », raconte Guillaume.

« Quand nous sommes retournés la voir, elle était un peu grasse mais présentait un beau moule et s’annonçait laitière… », poursuit Nicolas. Ils ont finalement acheté Les Saintes-Anges Etoile (Sensation x Shottle x Rubens), « pointée EX 90 en 3e veau », en septembre juste après qu’elle a donné des jumeaux. « Il se peut qu’on nous prenne pour des fous d’investir dans une 5e lactation qui n’est jamais sortie en concours », sourient les co-propriétaires qui croient en cet animal. « Nous l’avons déjà collecté mi-janvier et 4 gestations par Goldship sont confirmées. »

Aujourd’hui, ils sont impatients de voir Étoile parader à Paris. Voilà des mois qu’ils la bichonnent, logée à part et lavée deux fois par semaine… « Le plus difficile a été de dresser cette « vieille » vache à la marche. Elle n’aimait pas le licol. » Si elle fait désormais confiance à ses propriétaires, ni l’un, ni l’autre ne prévoit pourtant de la guider sur la piste aux étoiles de la capitale. « Une fois que tu l’as mise prête pour le jour J, tu apprécies d’être en tribune pour la voir défiler », concluent-ils. 


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