Bien malin celui qui est capable de deviner l’issue du scrutin présidentiel de mai prochain. Le champ de tous les possibles n’est plus impossible. Pourquoi la France échapperait-elle à la vague de désaveu qui inonde le monde. Après l’inattendu Brexit, l’improbable victoire de Trump, les surprises successives aux primaires françaises, à droite comme à gauche, plus personne ne sait ce qui peut sortir du chapeau d’un suffrage. Le rejet est le seul point commun entre tous ces votes. Le rejet de l’élite. De cette élite qui décide pour le peuple contre le peuple, estiment les contestataires qui imposent à l’establishment de déguster à son tour la potion amère de la déception.
Dans le contexte de crise agricole qui s’éternise, les futures élections professionnelles agricoles risquent d’être le miroir de ce qui se passe dans le reste de la société. Mais, si la sanction des urnes permet à certains de soulager leur colère, elle ne change pas forcément la donne. Dehors les tenants d’une agriculture exportatrice ? Les élus professionnels aux commandes n’ont pas ouvert les frontières, ils composent avec ; ils invitent les agriculteurs à saisir les opportunités commerciales génératrices de valeur ajoutée sur ces marchés. Dehors les tenants de l’agriculture technologique ? Il est illusoire de croire que la révolution numérique qui s’accélère s’arrêtera à la porte des fermes françaises.
Avant de plier fermement en quatre son bulletin de vote du rejet n’est-il pas plus judicieux de déplier calmement les feuilles du savoir et de la connaissance pour s’informer, se former, et ainsi acquérir une certaine clairvoyance sur le monde de demain qui ne sera en rien la copie de celui d’aujourd’hui, mais un monde qui continuera à offrir des opportunités qu’il ne faut pas… rejeter.