15 avril 1978 : une nouvelle céréale prometteuse, le triticale

Triticale - Illustration 15 avril 1978 : une nouvelle céréale prometteuse, le triticale

Dans les archives de Paysan Breton :

Il s’agit d’une céréale entièrement nouvelle, créée par l’homme, issue du croisement entre le blé (triticum) et le seigle (secale). La France sera la premier pays du Marché Commun à commercialiser des semences de triticale, probablement à l’automne 1979. Les variétés qui vont être diffusées ont été mises au point par les chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), qui y travaillent depuis un dizaine d’années.

Cette céréale fait l’objet de recherches intensives dans le monde depuis 1930 environ ; des succès notables ont été obtenus aux États-Unis et au Canada, dans certains pays d’Europe de l’Est (Pologne, Hongrie, URSS) ainsi qu’au Mexique. Cependant, le passage dans la pratique des résultats obtenus dans ces pays reste, pour l’instant limité. En fait, de nombreux instituts de différents pays ont abordé puis abandonné les recherches sur cette espèce, car la solution des problèmes soulevés par création, sa domestication et son adaptation à la grande culture n’est pas simple ; en France, un organisme de recherches tel que l’Inra pouvait l’aborder.

Le matériel issu de la première vague de sélection présente des caractéristiques intéressantes, souvent intermédiaires entre celles du blé et du seigle. La plante est extrêmement  vigoureuse en végétation, présente des feuilles larges, un épi très long et légèrement barbu. La productivité moyenne, obtenue en 1977 sur 17 essais par l’Institut technique des céréales et fourrages, est de 46 q par ha dans les régions de culture traditionnelle du seigle et dans les zones marginales pour le blé (Berry, Limousin, Auvergne, Dauphiné). En grande culture, des essais, notamment dans les régions de Clermont-Ferrand, Colmar et Nevers, ont donné des rendements de 70 à 80 q par ha.

La résistance à la verse du triticale est meilleure que celle du seigle (tige plus courte). Cette espère est plus résistante à la plupart des variétés de blé à certaines maladies (piétins, oïdium), moins primitive que le seigle dans son comportement vis-à-vis des herbicides ou de la fumure azotée, moins sensible à l’asphyxie en terre humide.

Cette céréale est essentiellement destinée à l’alimentation animale. D’une teneur en protéines équivalente à celle du blé, elle est mieux équilibrée quant à sa composition en acides aminés (notamment plus riche en lysine) et ne présente pas d’inhibiteur de croissance pour les animaux comme le seigle. Elle semble plus particulièrement bien adaptée à la nutrition des monogastriques (porcs et volailles).

Son utilisation en boulangerie n’est pas exclue. Le mélange de farines de blé et de triticale permet d’obtenir des pains bien levés et de bonne saveur. Les recherches actuelles ont pour but de mettre à profit le potentiel de productivité de l’espèce, qui semble très élevé et de diversifier les possibles utilisations de la récolte. Tout permet de penser que le triticale peut devenir une céréale importante dans les prochaines décennies et constituer un nouvel atout économique pour notre pays.


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