Pour faire face aux phénomènes de résistance des souches de champignons aux différentes familles de fongicide, rappel des méthodes à adopter.
En région Bretagne, le rendement en blé entre les variétés traitées et les témoins non traités affiche des différences de l’ordre de 25 quintaux. La pression exercée par les maladies conduit à adopter une stratégie fongicide efficace, sous peine de voir de précieux quintaux partir avec les attaques de ces champignons. « Depuis le lancement des spécialités fongicides, leur efficacité s’est dégradée, rapidement, de façon très violente », explique Éric Masson, ingénieur régional pour Arvalis lors de l’assemblée générale de la section céréales de Triskalia, qui se tenait mardi, à Saint-Caradec (22). À l’époque, le choix des molécules importait peu, l’application d’une protection éradiquait les maladies, donnant un aspect bien vert aux feuilles. Ce temps est révolu ; il faut désormais jongler avec les substances pour arriver à détruire des champignons qui sont devenus résistants.
Pas une mais des septorioses
Une parcelle de céréale ne contient pas une, mais plusieurs souches de septoriose. « Une parcelle n’ayant jamais été cultivée en blé détient déjà des souches résistantes. Plus on traite avec des fongicides à action unisite, plus on va sélectionner ces populations résistantes. C’était le cas des strobilurines qui, lancées en 1997, ont vu leur efficacité diminuer dès 2005 pour atteindre une efficacité nulle en 2010 sur septoriose, mais qui restent efficientes sur d’autres maladies comme les rouilles. Deux solutions s’offrent alors aux producteurs : ne pas traiter, sous peine d’amputer le rendement de 25 quintaux, ou utiliser à bon escient les produits existants », confie l’ingénieur.
Associer toujours un multisite
Les nouvelles familles chimiques comme les SDHI ne doivent pas suivre l’exemple de leurs cousines strobilurines, c’est pourquoi Éric Masson rappelle « qu’il ne faut les utiliser qu’une seule fois par campagne. En revanche, le mode d’action multisite du chlorothalonyl empêche le phénomène de résistance. Il est donc bon de l’associer à d’autres molécules ».
La famille des triazoles inquiète elle aussi, la Grande-Bretagne est déjà dans l’impasse avec des résistances généralisées sur son territoire. « Plus nous progressons, plus les souches deviendront difficiles à détruire. Il faut être de plus en plus précis dans le positionnement de son traitement, avec une hygrométrie d’au moins 60 %, et l’observation au champ reste la clé pour la prise de décision ». La génétique progresse elle aussi de son côté, les variétés récentes telles Cellule, Fructidor ou Vyckor sont plus résilientes aux attaques, et évitent de « cultiver les maladies ».
La dernière feuille (F1) fait le rendement
La F1 est responsable de 43 % du rendement de la céréale, l’épi 22 %, la F2 23 %. Un bon positionnement du traitement T2 contribue à 50 % du rendement. Les outils d’aide à la décision comme Fongitech positionnent l’application du T2 suivant la date de semis, la variété, et les observations terrain, afin de protéger au maximum la dernière feuille étalée. Suivant l’année, le T1 sera à appliquer à un nœud, et devra alors avoir une persistance d’action de 20 à 25 jours. À partir du stade dernière feuille pointante, l’impasse est faite sur ce T1. Fongitech permet de bien positionner sa protection, d’augmenter de quelques quintaux les rendements et parfois de diminuer les doses appliquées. Au final, des dizaines d’euros à l’hectare qui ne sont pas perdus.Pierre Cougard, chargé de développement chez Triskalia