La première chaudière à biomasse et à litière installée en France pour chauffer des poulaillers entrera en fonctionnement ce mois-ci chez Jean-Michel Choquet, aviculteur à Trédion (56). Il ouvrira les portes de son élevage le 14 mars pour présenter ce mode de chauffage et ses 2 poulaillers neufs de 1 700 m2.
Lorsque l’on prend un peu de hauteur, l’élevage avicole de Jean-Michel Choquet à Trédion (56) ressemble vraiment à la vision que l’on peut avoir de l’élevage du futur. Tous les bâtiments de l’exploitation sont couverts de panneaux photovoltaïques pour une puissance totale installée de 670 kWc. Mais la vraie révolution est ailleurs puisqu’à partir du mois de mars les 2 400 m2 de poulaillers de type Louisiane et les 3 400 m2 de bâtiments neufs vont être chauffés par une chaudière alimentée avec le fumier de l’élevage. « C’est une première en France. C’est l’aboutissement de plusieurs années de travail et de mises au point par les ingénieurs de la société Exedia », déclare Jean-Michel Choquet. Avec cette chaudière et la production photovoltaïque, l’exploitation est à énergie positive, c’est-à-dire qu’elle produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
[caption id= »attachment_25769″ align= »aligncenter » width= »680″] Jean-Michel Choquet, aviculteur et Hervé Le Gal, responsable commercial avicole pour Sanders Bretagne.[/caption]
Produire du poulet pour payer les bâtiments
L’aviculteur élève des dindes dans les bâtiments Louisiane. Par contre, il a fait le choix de faire du poulet lourd sexé avec le groupement Gaévol dans ses 2 poulaillers de 1 700 m2 mis en route en septembre 2016. « Cette production permet de payer des bâtiments neufs grâce à une rotation régulière des lots ce qui n’est pas toujours le cas en dinde. » La litière des 3 400 m2 de poulets lourds sur sol bétonné va alimenter la chaudière. Le fumier va être chargé une fois par semaine dans un silo à proximité de la chaudière. Celui-ci est envoyé vers l’élément de combustion, le fumier va alors s’auto-enflammer. La chaleur produite va chauffer une réserve d’eau chaude qui servira à alimenter les aérothermes situés dans les différents poulaillers.
Aller vers une économie circulaire
« L’idée est d’aller vers une économie circulaire, il est préférable de brûler du fumier plutôt que du propane », lance l’aviculteur. Au-delà de l’économie annuelle de 30 tonnes de gaz, les volailles gagnent énormément en confort. « Les poulaillers Louisiane sont assez énergivores, avec cette énergie quasi gratuite je ne vais pas hésiter à chauffer plus. » Jean-Michel Choquet commence à chauffer 4 jours avant l’arrivée des poussins. Les aérothermes diffusent la chaleur de façon homogène dans le poulailler. « L’ambiance est très bonne et sèche. Même en sous-ventilant on ne dépasse pas les 3 500 ppm de CO2. Tout cela se transpose sur les résultats techniques et sur le faible taux de pododermatites. »
Une fois le fumier brûlé, il reste des cendres riches en phosphore et en potasse. « C’est l’équivalent des scories. » Aujourd’hui, le compost est donné, l’idée est bien de créer une source de valeur ajoutée avec ce produit de l’exploitation. « Cet engrais phosphopotassique est recherché chez les céréaliers. Nous allons le mettre en granulé et le conditionner pour les vendre hors Bretagne. Le but est que la vente de ces éléments fertilisants et l’économie de gaz réalisée en chauffant grâce au fumier finance l’installation de chauffage », conclut Jean-Michel Choquet.
Informations
Ce qu’il faut voir lors de la porte ouverte le mardi 14 mars
Jean-Michel Choquet a investi 300 €/m2 pour construire ses 2 poulaillers à plafond plat de c-lines de 1 700 m2 hors photovoltaïque et hors chaudière à fumier. Un projet soutenu financièrement par le Conseil régional, le Conseil départemental du Morbihan, l’Ademe et l’Agence de l’eau Loire Bretagne. Dans les bâtiments équipés de fenêtres pour un apport de lumière naturelle et sur-isolés pour éviter les pertes de chaleur on retrouve de nombreuses innovations et astuces. La ventilation se fait en longitudinal avec un démarrage en bi-latéral.
L’éleveur a fait installer des turbines sur le pignon opposé à l’extraction pour gagner en confort lors des enlèvements. Pour connaître les quantités exactes d’aliment consommé un silo peseur est situé à côté des silos d’aliment. Dans un but de constantes améliorations des règles de biosécurité et de confort de travail, 2 trappes d’accès à l’intérieur du poulailler donnent sur des locaux extérieurs réfrigérés dans lesquels les ATM (animaux trouvés morts) sont conservés. « Je ne fais pas plus de 25 m avec les ATM. »
Pour faciliter le démontage de la trémie d’aliment lors des enlèvements et des vides sanitaires, les câbles sont fixés à la chaîne d’alimentation et la trémie repose juste sur la chaîne. Les 15 premiers mètres de cette chaîne d’alimentation sont en tube inox pour éviter la rouille causée par l’aliment qui se réchauffe et se condense lors des lots d’hiver. « J’ai installé des assiettes Coméo de chez Roxell qui limitent le gaspillage d’aliment et sont faciles à nettoyer. Le gros avantage est qu’il n’y a pas besoin de les régler en cours de lot : quand elles sont au sol, elles sont en position démarrage et dès que je lève ma chaîne, elles passent en position engraissement », décrit Jean-Michel Choquet. À voir aussi, la station de compostage Matélevage fonctionnant avec des sondes sans-fil.