L’achat de chevrettes est un choix technique. Il doit être réfléchi en fonction de l’origine, du statut sanitaire, de la date de mise bas…
Suite à quelques hécatombes sanitaires, Le Gaec de la Flume, à Pacé (35), a envisagé cet automne d’acheter des chevrettes, pour reconstituer le troupeau afin d’atteindre la référence laitière attribuée. En quelques années, le cheptel a fondu avec le tri drastique nécessaire pour éradiquer la paratuberculose diagnostiquée il y a 1 an et demi. La productivité était alors passée de 900 à 600 L/chèvre/an.
Éviter d’acheter des maladies supplémentaires
Lors d’achat d’animaux, il faut déjà connaître les maladies que l’on a chez soi. Aucun élevage n’étant indemne de tout, il faut chercher une adéquation entre l’état sanitaire du cheptel vendeur et celui de l’acheteur, pour ne pas pénaliser la production (Caev, mycoplasmes, abcès caséeux, paratuberculose…). Pour cela, il ne faut pas hésiter à consulter le carnet sanitaire du vendeur et réaliser des analyses sur le troupeau d’origine. « Nous avons sous-traité ce travail de prospection sanitaire au groupement de producteurs Ovi-Ouest. Cependant, je me suis rendu à plusieurs reprises à la pépinière de chevrettes pour vérifier l’état du lot et les peser pour constituer un lot homogène à l’achat. Nous n’avons acheté que 42 chevrettes sur le lot de 50 qui nous était proposé », explique Jean-Paul Bécot, un des deux associés.
Un lot désaisonné reconstitué
Les chevrettes alpines, nées en septembre en Mayenne, sont arrivées sur l’élevage en janvier, âgées de 4,5 mois, acquises à 150 € en moyenne. Elles ont été choisies pour étoffer le lot des 50 chèvres mettant bas en novembre. « Pour nous, ce lot est intéressant pour le prix du lait en période désaisonnée, pour étaler la charge de travail et pour développer l’activité d’accueil pédagogique avec la présence de chevreaux à cette période de l’année. Les chevreaux sont bien valorisés pour Noël ».
Transition alimentaire
Après une ration paille et concentrés durant leur séjour à la pépinière, la transition alimentaire a été progressive pour intégrer le foin, fourrage principal sur l’exploitation valorisé avec un séchage en grange. Un protocole lumineux a été mis en place durant 90 jours, sans pose d’implants de mélatonine pour une mise à la reproduction en juin, avec des boucs issus d’insémination artificielle (IA), achetés dans des élevages bretons adhérents au Contrôle laitier et au GDS, pour la connaissance de leur statut sanitaire. « Ne pratiquant pas d’IA, cette stratégie d’achat nous permet de repartir sur de bonnes bases génétiques », explique le chevrier.
Points de vigilance avant l'achat
Pour mettre toutes les chances de son côté dans l’élevage de chevrettes issues de l’extérieur, il est nécessaire de respecter quelques règles d’or :
- Choisir une période de naissance en cohérence avec l’élevage d’accueil ;
- Rechercher du potentiel laitier et/ou des taux avec des animaux issus d’élevages pratiquant l’IA ;
- Lot homogène, du même âge et idéalement issu d’un unique élevage ou d’un statut sanitaire équivalent. Pour cela, il faut anticiper la demande au mieux un an à l’avance et au plus tard avant la période de mise à la reproduction. Si vous ne pouvez pas par manque de temps ou de place gérer, l’élevage des animaux dès leur naissance, Ovi-Ouest a mis en place une pépinière de chevrettes en Ille-et-Vilaine.
- Se rendre sur le lieu de naissance ou d’élevage des chevrettes et vérifier le gabarit, l’état sanitaire du lot (toux…).
- Système alimentaire en adéquation avec l’élevage d’origine. Si besoin, prévoir une ration de transition.