Les candidats à l’élection présidentielle qui s’exprimaient jusqu’alors assez peu sur le sujet agricole semblent, avec le Salon de l’agriculture, avoir beaucoup à dire.
Les agriculteurs, qui ne représentent plus que 2 à 3 % des électeurs, déploraient jusqu’à présent l’absence du sujet agricole dans les débats. Mais les candidats semblent devenir intarissables lorsque le Salon de l’agriculture ouvre ses portes. Ils s’entendent sur un seul objectif : permettre aux agriculteurs de tirer un revenu de leur métier. Mais dans la façon de faire, chacun propose ses solutions.
La politique agricole bouleversée
Aux extrêmes, le Front national de Marine Le Pen et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Le Front national axe son projet sur « la souveraineté alimentaire » de la France, qui sort de l’Union européenne. Les normes internes peuvent rester plus dures que dans les autres États, puisque, grâce à la préférence nationale, les agriculteurs français ne subissent plus la concurrence de leurs voisins. Le parti de Jean-Luc Mélenchon prône « une agriculture écologique et paysanne » qui doit « répondre à l’intérêt général ». Ce modèle agricole repose notamment sur le bio, l’autonomie des exploitations et des modifications des habitudes alimentaires (moins de produits animaux).
À gauche, la transition douce vers l’écologie
Le Parti socialiste revendique une agriculture plus verte, mais admet que la transition nécessite du temps. « Il faut réorienter notre modèle en laissant cohabiter les différentes agricultures », relaient les socialistes. Ainsi, Benoît Hamon propose d’orienter les aides Pac vers les démarches environnementales, mais aussi de les échelonner en fonction des emplois créés. Par ailleurs, le Parti socialiste met un frein au libéralisme qu’il estime incompatible avec la création de valeur ajoutée et avec l’écologie. Les Verts rajoutent la nécessité de mettre en œuvre une véritable politique alimentaire.
Le mouvement En Marche d’Emmanuel Macron à dévoilé son programme en 20 propositions mercredi dernier. Dans les grandes lignes, il a évoqué une agriculture diversifiée, la fin de l’écologie punitive (avec une enveloppe de 200 M€ pour rémunérer les services environnementaux) et l’ouverture du droit au chômage pour les agriculteurs. Il a également évoqué un budget de 5 Md € pour soutenir l’investissement et l’innovation dans le secteur agricole (environnement, bien-être animal et cicuits courts).
Pragmatisme économique pour Les Républicains
Quant à François Fillon, il souhaite faire des agriculteurs « des entrepreneurs à part entière » à travers une réforme de leur statut. Le candidat Les Républicains propose la création d’un compte d’épargne aléas climatiques et économiques fiscalement intéressant, la modification du droit européen de la concurrence pour renforcer le poids des agriculteurs face aux industriels et à la distribution, la mise en place d’une TVA sociale et la suppression, par ordonnance, de toutes les normes nationales plus contraignantes que la réglementation européenne.