À Plérin, devant un parterre de responsables de la grande distribution et de députés, à l’invitation de la FDSEA, le syndicaliste belge Daniel Coulonval a témoigné des efforts à mettre en œuvre face à la crise laitière.
Que faire face à la crise ? Daniel Coulonval de la Fédération wallonne de l’agriculture (FWA) a livré son point de vue. « Vu l’impact immédiat de l’hypervolatilité sur nos ateliers, je cherche toujours à travailler sur mes charges variables. Je travaille avec des tableaux de bord. Je suis équipé d’un pèse-essieu pour peser toutes les récoltes. Je procède à des analyses fourragères. Ainsi je calcule le prix de revient de chaque fourrage. Ensuite, je croise mon coût alimentaire par vache au prix du lait pour obtenir une marge brute au litre de lait.
Je ne veux pas que ma vache coûte plus cher en mangeant qu’elle ne me fait gagner d’argent. Sinon, elle sort du troupeau. Je la tarie. Je travaille aussi avec un nutritionniste : il ne faut surtout pas fermer la porte aux conseillers. » Le syndicaliste belge poursuit : « Je calcule toujours précisément pour savoir si un investissement est rentable. Je ne le mène jamais avec mon fonds de roulement : il y a de l’argent disponible et pas cher à la banque. Notre facture de carburant annuelle est de 15 000 € : nous sommes prélevés chaque mois pour avoir des charges lissées et éviter les pics. Avec tous les prestataires de services, j’essaie de mettre cela en place. Je privilégie les filières de qualité, une fourniture régulière de mes clients pour la viande… »
Une aide de 27 € / 1 000 L pendant 6 mois
L’éleveur est aussi revenu sur un dispositif de solidarité expérimenté en Belgique. « Suite au début de la crise en 2015, tous les syndicats agricoles belges ont su parler d’une seule voix pour monter ensemble un cahier de revendications communes et trouver un accord à court terme. Nous avons associé les ministres et l’Administration pour préparer les tableaux pour la DG concurrence belge avant que le dossier
ne soit passé à la Direction générale (DG) de la concurrence Europe ».
Au niveau de la Belgique fédérale, il existe « la concertation chaîne, un lieu de dialogue, informel, » qui rassemble des représentants des consommateurs, des transformateurs, des producteurs et des distributeurs. « Ce rendez-vous est important car nous voulions un engagement de toute la filière validé par le consommateur. »
L’idée a été de proposer un surplus de prix sur les produits laitiers pour soutenir les producteurs. « En utilisant les codes-barres scannés en supermarché, nous avons considéré que le marché intérieur représentait 408 millions de litres de lait de consommation. » Pendant 9 mois, la grande distribution a prélevé sur ses ventes et reversé l’argent à la Région qui a ensuite redistribué aux éleveurs. « En deux mois, nous avions 46 millions d’euros sur la table. Au final, le dispositif a permis une allocation mensuelle aux producteurs de 27 € / 1 000 L pendant un semestre. Et c’est le consommateur qui a payé avec son accord… Les agriculteurs ont bénéficié d’un véritable geste de la grande distribution par rapport à une situation de crise. »
18 € par porc charcutier
Le même dispositif a également été expérimenté en porc. « C’était assez compliqué car la Belgique exporte sa production et importe également de la viande pour la transformation… L’allocation avait représenté 18 € par charcutier. » L’exposé de Daniel Coulonval a semblé inspirer bon nombre de participants qui ont lancé aux représentants de la distribution le défi de mettre en place ce fonds de solidarité rapidement en France. Affaire à suivre.