Maïs et densité de semis : attention aux fausses économies

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La densité de plantes est la première composante du rendement du maïs. Les essais récents conduits sur maïs fourrage par Arvalis confirment les préconisations : au-deçà des densités recommandées, la perte de rendement est supérieure à l’économie réalisée sur le poste semences.

Les conditions de culture et le choix variétal déterminent la densité optimale d’une culture de maïs. Celle-ci sera d’autant plus forte que le contexte pédoclimatique est favorable, que le cycle de culture est court et que les variétés sont précoces.
La précocité de la variété détermine le nombre de feuilles total des variétés. Ce nombre est plus faible pour les variétés précoces que pour les tardives. Ainsi, pour les variétés précoces on devra augmenter le nombre de plantes afin d’atteindre une surface foliaire suffisante pour capter un maximum de rayonnement.

Le type variétal influe également sur l’objectif de peuplement. Les variétés à floraison précoce, qui ont des grains cornés, sont déterminées en nombre d’ovules par rang, c’est-à-dire qu’elles ont un nombre potentiel déterminé de grains par épi. Pour augmenter le nombre de grains à l’hectare lorsque les conditions sont bonnes, il faut augmenter le nombre de plantes. En revanche, pour les variétés à grains dentés, la différenciation du nombre d’ovules par rang est indéterminée ce qui offre davantage de possibilités de compensation d’une sous densité. Enfin, dans les situations à bonne réserve utile, on visera la fourchette haute des densités recommandées, ce qui permettra de bien valoriser le potentiel de la parcelle.

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Les variétés précoces valorisent bien les densités élevées

Dans les essais les plus récents réalisés par Arvalis (Bretagne, Pays de la Loire et Picardie, 2014 à 2016), la réponse du rendement à la densité est maximum pour les variétés très précoces. Le rendement augmente d’environ 0,42 t MS/ha pour 10 000 plantes/ha dans la gamme 80 – 120 000 plantes/ha. Cette réponse est de 0,36 t MS pour les variétés précoces et demi-précoces. Si on déduit le coût supplémentaire des semences, l’augmentation de rendement net est de l’ordre de 0,2 t MS/ha pour 10 000 plantes/ha pour les variétés très précoces et 0,14 t MS/ha pour les variétés précoces.

Lorsque le régime hydrique est moins favorable, cas de l’année 2016 dans les essais en Bretagne, on constate un aplatissement progressif de la réponse à la densité. Mais cela ne se traduit pas forcément par un très fort abaissement de l’optimum de densité. Les incertitudes sur la disponibilité en eau ne doivent pas nécessairement conduire à des révisions à la baisse des densités. En effet, en années défavorables, les densités plus élevées sont mal valorisées mais elles n’entraînent pas pour autant de pertes de rendement. Par contre, si le climat estival est favorable au maïs, cas de l’année 2014 dans notre série d’essais, les densités faibles pénalisent systématiquement le rendement. La perte est alors plus importante que l’économie de semences réalisée à l’implantation.

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Un impact faible sur les valeurs alimentaires

Dans la plage de densités étudiées dans les essais, entre 80 000 et 120 000 plantes/ha à la récolte, l’impact de la densité reste relativement faible sur les différents critères de valeurs alimentaires : teneur en amidon, digestibilité de la partie tiges-feuilles, valeur UFL. Pour les variétés très précoces, on observe une relative stabilité de la valeur alimentaire jusqu’à des densités de l’ordre de 110 000 plantes/ha récolte. Pour les variétés précoces et demi-précoces testées, la teneur en amidon et la digestibilité tiges-feuilles sont un peu plus faibles sur les densités plus élevées. Pour ces variétés, le meilleur compromis rendement x valeur alimentaire est obtenu avec des densités récoltes comprises entre 95 000 et 120 000 plantes/ha. La densité la plus faible de 80 000 plantes/ha est toujours en retrait, même en tenant compte des économies sur le poste semences.

Considérer les pertes entre semis et récolte

Les taux de germination des semences de maïs sont généralement très bons, de l’ordre de 98 %. Les pertes à la levée seront fonction des conditions de semis. En situation favorable : lit de semence bien préparé, date de semis dans les plages recommandées, profondeur 4 cm environ, bonne protection de  la semence ou absence de ravageurs en début de cycle, les pertes seront comprises entre 5 et 10 % maximum. Des interventions de désherbage mécanique précoces (herse étrille) peuvent faire augmenter ces pertes de façon significative. Dans ces situations, il est conseillé d’enterrer un peu plus profond la graine et d’augmenter la densité.

Michel Moquet, Vincent Bouëtel, Arvalis-Institut du végétal


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