Dans une conjoncture laitière difficile pour les producteurs, les Jeunes Agriculteurs finistériens ont fait le choix de débattre sur la valeur ajoutée de leurs produits.
Les prix de vente des productions agricoles, tantôt rémunérateurs, tantôt en dessous des coûts de production, laissent trop souvent un goût amer aux producteurs. La valeur ajoutée est réalisée bien souvent au sortir des élevages, et « nous avons du mal à accepter que, au regard du temps passé pour produire ces marchandises, la valeur ajoutée est créée très rapidement par l’industrie agroalimentaire », se désole Basile Faucheux, jeune agriculteur installé dans le Loiret, et intervenant sur le sujet lors de l’assemblée générale des JA29 au lycée du Nivot. « Nous sommes à la base de toute cette valeur ajoutée », estime-t-il.
Stop aux prix en yo-yo
Pour Pascal Perri, économiste des Grandes Gueules sur la radio RMC, « soit on vend des commodités, à faible valeur ajoutée, soit du premium. Dans le premier cas, il faut une taille critique, car si on a la certitude du capital à investir, il y a incertitude sur les prix de vente. C’est le cas des exploitations agricoles, et c’est l’aval qui créé la valeur par les marques. En passant de l’économie de la transaction à celle de la solution, Bonduel a investi plus de 400 millions de $ sur le ready pack food, un snacking qui économise du temps au consommateur ».
Directeur de Guyader Gastronomie, Christian Guyader estime que « la grande distribution a peur. Le toujours moins cher ne fonctionne plus, le consommateur demande autre chose. Les lettres reçues il y a 3 ans dans l’entreprise par nos clients nous donnaient un avis sur le goût des produits. Aujourd’hui, ils nous demandent comment sont élevés
les cochons, quelle est leur nourriture… ».
À la tête d’une entreprise agroalimentaire, Christian Guyader estime que « dans l’élaboration des recettes, tout a un coût. Celui qui produit mes ingrédients doit aussi gagner sa vie. J’ai passé ma vie à entendre que j’étais trop cher. Mais il faut croire que non. Sinon mon entreprise aurait disparu ». L’entrepreneur avoue aussi « que le cochon doit être payé à un bon prix. Quand les cours sont bas, on m’accuse de profiter de la situation. Quand ils sont hauts, il nous faut 1 an pour rééquilibrer nos prix. Les prix en yo-yo ne nous conviennent pas non plus ».
Se battre… ensemble
« Je ne saurais pas élever de cochons, comme un éleveur ne connaît pas les ficelles de mon métier. Il faut être performant, en produisant de la qualité, et nous sortirons par le haut par la différenciation, avec des choses qui ne coûtent rien : en montrant ce que l’on fait, en apprenant à raconter des histoires ».
Les différents intervenants se rejoignent sur le fait qu’il faut être soudé pour pouvoir capter cette valeur ajoutée, en s’appuyant sur les compétences des uns et des autres.