La consommation de porc est à la baisse. Pour Michel Bloc’h, président du groupement porc de Triskalia, la segmentation des produits est indispensable pour séduire le consommateur.
Malgré la poussée espagnole, toujours autour des + 5 % annuelle, l’offre se stabilise en Europe. La Chine, autosuffisante à 95 %, a besoin d’importer 30 millions de porcs chaque année. La parité euro-dollar reste favorable et les cours remontent aux États-Unis ce qui pénalise leur filière à l’export. Le prix de l’aliment est contenu. On le voit, beaucoup de voyants sont au vert. L’année 2017 devrait être une bonne année pour les trésoreries. Quelques points de vigilance demeurent.
« L’affaire Piffaut fait peser une menace sur la filière. Ses marques William Saurin, Madrange, Garbit, Jean Caby… représentent la moitié des jambons vendus en France. Nous espérons une reprise rapide par un ou plusieurs opérateurs ». Au niveau sanitaire, l’importation de sangliers et de porcelets est une menace respectivement pour la peste porcine africaine et certaines souches de SDRP, d’autant plus que le prix des porcelets est élevé en France actuellement (voir Paysan breton du 10 février).
Segmenter pour répondre à la demande sociétale
C’est surtout la baisse de consommation de la viande de porc qui inquiète le président des groupements (-3 % pour la viande fraîche, – 1 % pour les charcuteries en 2016). « L’Interprofession fait du bon travail, notamment à l’export. L’embauche d’un spécialiste chinois nous a bien aidés à exporter vers ce pays. Elle doit désormais concentrer ses efforts sur la promotion de la viande. Se faire accompagner pour contrer les anti-viandes qui sont très efficaces sur les réseaux sociaux, avec, bien sûr, le retour des transformateurs autour de la table (qui ont quitté l’interprofession) ».
L’étiquetage d’origine ne suffira pas, selon lui. « Il faut aller plus loin. Il faut adopter une démarche vertueuse qui va au-delà du VPF : un contrat d’avenir sociétal qui communique sur les résultats en termes d’environnement, de social, de sanitaire et d’économie ». Les producteurs allemands ont mis en place un programme d’avenir, répondant à la demande sociétale, nommé Tierwohl (démarche avec les distributeurs, mettant en avant le bien-être des animaux). « 10 à 20 % des producteurs y adhèrent (en adoptant certains critères que l’éleveur s’engage à remplir). La démarche leur a rapporté 63 millions d’euros ».
Les responsables français souhaiteraient s’engager dans un tel projet. « Nous avons rencontré les distributeurs au Salon de l’agriculture, la semaine dernière. C’est difficile ; ils voudront peut-être plus de critères de bien-être pour l’accepter. Le calendrier est en place ; nous poursuivons les discussions ». Dans tous les cas, Michel Bloc’h insiste sur la nécessité d’adopter une segmentation différenciante de la production. Le groupement Triskalia va s’y engager dans les années qui viennent. « Il faut raconter une histoire au consommateur. Mais il faut que ce soit concret, sinon cela ne dure pas ». Avec un retour de la plus-value à l’éleveur…