Se battre pour obtenir des retraites décentes : tel est le sujet qui anime le syndicat des anciens exploitants, qui peinent à obtenir des hausses de pensions malgré des carrières bien remplies.
Le montant des retraites agricoles permet-il de s’élever au-dessus du seuil de pauvreté ? Non. Avec des retraites s’élevant à un peu plus de 800 € par mois, les anciens exploitants qui ont pourtant une carrière complète souffrent de cette moyenne basse. Être en retraite ne signifie pas nécessairement être en retrait. La section des anciens exploitants de la FDSEA, qui tenait son assemblée générale à Saint-Renan, en est un bon exemple.
Financer les revalorisations des pensions
« L’application des 75 % du Smic a permis de faire bénéficier d’une revalorisation de nos pensions. Mais son financement, initialement prévu avec la baisse du nombre de retraités (environs 50 000) et la solidarité nationale, a été financé par les actifs, en attribuant aux retraités des points de RCO », déplore Jean Tromeur, président de la SDAE (Syndicat des anciens exploitants). Pour remettre cette retraite complémentaire obligatoire à flot, une proposition de l’État d’augmenter de 3 à 5 % les cotisations des actifs a été formulée. « Dans un contexte agricole dégradé, nous avons obtenu avec la FNSEA une augmentation de 1 % ». Cette dernière s’étalera avec une élévation de 0,5 % en 2017 et 0,5 % en 2018.
Invité à alimenter le débat de l’assemblée, Jacques Dufrechou, président de la section nationale et successeur de Jean-Paul Bizien, explique « qu’un projet de loi a été récemment formulé pour que les petites retraites atteignent 85 % du Smic ». Une mesure dont les anciens exploitants peuvent se satisfaire, reste encore à trouver son financement.
Sacrifier une tranche de la population
« Vous n’avez pas de grandes retraites mais vous avez des capitaux », a même entendu Jean Tromeur, président de la SDAE, de la bouche d’un responsable de l’État. Ce à quoi il a répondu : « En France, 70 % des terres agricoles sont en location. Nous sommes propriétaires en moyenne de 20 ha, qui ont une valeur moyenne de 5 000 €, soit un total de 100 000 €. Une maison de retraite coûte 2 000 € par mois pour un couple, soit 24 000 € à l’année. En 4 ans, ce capital de départ est consommé ». Une injustice selon le syndicat, qui préférerait des pensions capables de couvrir les dépenses d’un retraité après sa carrière professionnelle.
La dématérialisation inquiète aussi le syndicat, car « les plus âgés sont déconnectés. Ce n’est pas le tout d’avoir Internet, encore faut-il savoir s’en servir. On sacrifie une tranche de la population ».
Installer des jeunes
Les anciens exploitants ne perdent pas de vue la problématique de l’installation des jeunes, dont certains ont du mal à obtenir des permis de construire pour mener à bien leur projet. « C’est le cas dans les communes comme Hanvec qui, pourtant à l’intérieur des terres, sont soumis à la loi Littoral. D’une manière générale, le système administratif est chamboulé tous les 6 mois. Nous demandons de la stabilité de ce côté. En 2 ans sur le Finistère, 500 conseillers municipaux ont démissionné, ainsi que 12 maires. Nous avons un vrai problème de représentation locale », admet Dominique Cap, président de l’association des maires du Finistère, venu expliquer les méandres de la Loi Nôtre.
Ce à quoi François Palut, maire de Plouvorn, répond : « Les agriculteurs occupent 80 % du territoire. Demain, les entrepreneurs agricoles devront siéger dans les conseils municipaux ». L’expérience et la connaissance des zones rurales des anciens exploitants sont des puits de savoir que les mairies doivent utiliser.