Deux femmes sur la même estrade brestoise. La première, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, assène que « le dogme des prix bas a atteint ses limites ». La seconde, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, évoque la même problématique de rémunération des agriculteurs en brandissant « la guerre des prix, la concurrence déloyale » imputable à l’Europe.
D’un constat identique réalisé dans l’arène de l’Arena jaillissent deux solutions diamétralement opposées. La patronne des paysans français propose de renforcer l’organisation économique des agriculteurs par le biais d’une interprofession qui se hisserait en rempart face à la transformation et indirectement face à la distribution ; sur le plan européen, elle porte son espérance dans une harmonisation fiscale, sociale et environnementale. La seconde, elle, voit la solution au malaise paysan dans la fin de « la récréation du libre-échange » et, sur le plan intérieur, en matant la grande distribution par une fermeture des frontières aux produits d’importation.
À problème simple, réponse complexe ou à problème complexe, réponse simple ? Les chiffres sont là pour rappeler certaines réalités intangibles. Les exportations agroalimentaires françaises se chiffrent à près de 60 milliards d’euros chaque année ; soit l’équivalent de trois Bretagne agroalimentaires. Fermer les frontières ne permettrait pas de protéger les paysans mais d’accélérer leur disparition faute de débouchés. Pour les personnes qui ont du mal avec la macroéconomie, prenons l’exemple des producteurs en vente directe : ils sont les premiers à faire le constat que le développement de leur modèle passe bien souvent par l’exploration des marchés hors de leur commune. Autrement dit, ils sont adeptes de l’exportation locale.