Les plantes bio-indicatrices sont des plantes qui poussent spontanément et donnent des indications sur les caractéristiques du sol. Trop pauvre, trop humide, trop tassé…
Pourquoi y a-t-il autant d’orties à cet endroit ? Et tant de pissenlits sur ma pelouse ? Marie-Aline Queffurus, botaniste, intervenante à une soirée organisée par le syndicat de la ria d’Étel (56), a tenté de répondre aux nombreuses questions de jardiniers amateurs passionnés par les fleurs, les plantes et petit écosystème de leur coin de verdure. Si certaines explications paraissent évidentes, d’autres sont plus surprenantes. « Le sol est un énorme réservoir de graines. Ces graines ne germent pas tant que des conditions particulières ne sont pas réunies », explique-t-elle, en préambule. Elles sont dites « en dormance ». Ces conditions particulières à la germination sont la géologie, la température, l’hydrologie, l’environnement végétal, la qualité du sol ou la longueur du jour. Seules les plantes les plus adaptées aux conditions présentes s’épanouissent. « Les plantes nous parlent », assure-t-elle.
Pauvres en humus
Le coquelicot apprécie les sols sableux, pauvres en humus, sans capacité de stockage d’éléments fertilisants. « Les agriculteurs qui travaillent des sols comme ceux-là doivent fractionner les apports d’engrais et épandre, si possible, des matières organiques ». De même, l’Orpin pousse sur les roches nues ou sur les toits végétalisés. L’Achillée millefeuille se plaît dans les sols à risque de lessivage et d’érosion importante. La Drave printanière colonise les ronds-points. Ces sols sont toujours très pauvres en humus.
L’euphorbe épurge éloigne les taupes ?
Certaines plantes sont indicatrices d’espaces pollués. « La Renouée du Japon, qui colonise la région, est originaire des îles Sakhalines aux sols riches en métaux lourds. Chez nous, elle se plaît et se développe souvent, en premier lieu, dans les espaces où des métaux ont été entreposés, dans les environs des garages où ont pu couler des huiles de vidange. On dit souvent de l’euphorbe épurge qu’elle éloigne les taupes. En fait, comme le Datura, elle est révélatrice de sols ou de jardins trop souvent traités, même plusieurs années auparavant. Les molécules chimiques n’ont pas été éliminées et elles aiment ça ». Les taupes, qui n’y trouvent peut-être pas grand-chose à se mettre sous la dent, ont déserté depuis belle lurette…
Décompacter le sol
Les sols riches en bases, à pH élevé, sont appréciés de la luzerne tachetée, de la vesce, de la capselle bourse à pasteur ou encore de la cardamine hirsute. À l’inverse, la bugle rampante pousse spontanément sur des sols frais et légèrement acides. Les carences d’oxygène favorisent la dormance de nombreux pissenlits et de vergerette. Le compactage du sol par des engins lourds (entrées de champs) est favorable au développement du Plantain majeur et des liserons des champs. Les carences en oxygène par excès d’eau sont appréciées des renoncules rampantes (bouton d’or) et des laiterons des champs. Le piétinement par temps humide favorise les rumex à feuilles obtuses. « Si l’on souhaite décompacter le sol d’un jardin, il convient d’y semer des engrais verts à l’automne, qui, en plus, apportent de l’azote après leur broyage au printemps : des féveroles, des phacélies, des radis fourragers qui ont un bon système racinaire. On peut aussi apporter des composts ou des fumiers et travailler la terre en superficie ».
Mouron blanc
Existe-t-il des plantes dont la présence peut réjouir le jardinier ? « Le mouron blanc et le plantain lancéolé sont généralement indicateurs d’équilibre et d’une bonne minéralisation du sol. Dans tous les cas, il faut faire un listing des plantes présentes. S’il y a seulement quelques individus de beaucoup d’espèces différentes, c’est plutôt bon signe. C’est quand l’une d’entre elles domine vraiment que le jardinier peut s’inquiéter et tenter de réaliser un diagnostic ». Et corriger les déséquilibres du sol.
Référence : « L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices », de Gérald Ducerf, aux Éditions Promonature.