Débordés dans leur épi 2 x 6 postes, les associés ont dû se résoudre à agrandir la salle de traite en passant en TPA 2 x 11. Une opération maison menée à moindre coût.
En mai 2012, Audrey Moy et Romain Presse rejoignent Isabelle et Jean-Yves Moy sur l’exploitation de Trédaniel (22). Cette double-installation coïncide avec la reprise d’une structure voisine. « Les bâtiments, le matériel, les silos, 50 laitières et un peu de foncier… C’était déjà un gros investissement. À ce moment-là, nous n’avions pas cogité à l’outil de traite », racontent les associés du Gaec de la Touche des Roselets. « D’autant que l’installation en place, un système épi 2 x 6 postes, était toute carrelée et en bon état. » Mais l’équipement racheté s’est avéré totalement sous-dimensionné. « Nous trayions nos 50 vaches en une heure. Nous nous disions qu’en 2 heures, nous en passerions 100… »
Dans la réalité, malgré deux trayeurs, certains jours, chaque traite durait 3 heures. « Pour nous dans la fosse comme pour les vaches dans l’aire d’attente, c’était trop long et fatigant. Sur le parc comme sur les quais, les animaux s’impatientaient et bousaient beaucoup plus. » Malheureusement, une révision de l’installation de traite n’avait pas été prévue dans le projet d’installation de la nouvelle génération. « Nous n’avions pas le choix : il fallait faire quelque chose à moindre coût en autoconstruisant. »
Scier les murs
Le défi était simple : « Aligner le maximum de vaches sur les quais en conservant la fosse existante pour limiter le poids de frais de gros œuvre. » Rapidement, la solution du passage de l’épi à la TPA s’est imposée permettant de doubler pratiquement le nombre d’animaux par lots. Mais il aura tout de même fallu se gratter la tête et faire preuve d’imagination. « Pour réussir ce pari, chacun des quais a d’abord dû être élargi de 20 cm. Heureusement, la fosse qui faisait 2,6 m le permettait et l’espace de travail reste encore confortable aujourd’hui. » Et ce n’est pas tout. « De chaque côté de la salle de traite, nous avons fait découper les murs pour que les vaches puissent placer leurs encolures à l’extérieur, en dehors du périmètre initial. Sans ça, pas possible qu’elles se rangent perpendiculairement à l’axe de la fosse. »
En parallèle, les éleveurs ont récupéré le matériel de leur ancienne installation 2 x 5 postes (faisceaux trayeurs, déposes automatiques, pulsation…), conservé seulement la pompe à vide de la salle de traite reprise et complété le tout de matériel d’occasion. « Nous sommes allés acheter une autre 2 x 6 près de Lyon. Nous avons repris des barrières et lices. Nous n’avons investi en neuf que dans une deuxième centrale de pulsation… »
[caption id= »attachment_26495″ align= »aligncenter » width= »680″] À gauche, on observe comment les murs ont été découpés pour que les vaches puissent passer leurs encolures en se plaçant sur le quai perpendiculairement à la fosse.[/caption]
Montée dans la journée
Ensuite, mécanicien et électricien de formation, Romain Presse a tout préparé à l’atelier. La bascule d’un système à l’autre s’est faite dans la journée. « Ce jour-là, nous avons commencé à traire à 4 h du matin. À 9 h, tout était dehors, démonté. À 21 h, le soir, nous avons lancé la traite sur un seul quai, sans dépose automatique des faisceaux… Une prouesse. Nous avons fini la journée 5 heures plus tard sur les rotules… » Trois jours plus tard, tout fonctionnait parfaitement, sur deux quais.
Depuis ce chantier d’avril 2014 qui aura coûté à peine 15 000 €, les traites durent environ une heure et demie dans cette 2 x 11 postes, assemblage de pièces de différentes marques (DeLaval, Gascoigne, Boumatic, MilkRite…) qui fonctionne parfaitement. « La seule réserve est le couloir de retour d’à peine un mètre de large qui ne permet pas une sortie rapide d’un lot de vaches en fin de traite ». Malgré tout, les vaches comme les trayeurs apprécient de passer moins de temps dans l’enceinte.