La 3e révolution, celle du numérique, change les métiers en agriculture. Un agriculteur et un entrepreneur de travaux agricoles témoignent.
« Il y a 10 ans, j’avais dit que je n’aurais jamais de robot », se rappelle Pascal Lefeuvre, éleveur laitier à Talensac. Et pourtant, il y a trois ans, il a fait le pas et a investi dans une stalle de traite Merlin (Fullwood). Il intervenait samedi 8 avril au CFTA de Montfort-sur-Meu, dans le cadre d’une animation « Effet numérique », organisée par la communauté de communes. Le monde agricole y avait sa place et souhaitait partager et échanger avec le grand public sur les nouvelles pratiques dans les exploitations, avec l’utilisation récente de nouvelles technologies.
Un nouveau métier
Depuis la mise en œuvre de la traite robotisée, son métier a changé, au niveau de l’organisation, de la pénibilité… D’un ordinateur ou d’un Smartphone, il « garde partout la main sur le système de traite. » L’éleveur apprécie d’avoir levé l’astreinte traite, pouvant se libérer du temps pour sa vie familiale, tout en pouvant débloquer quelques alarmes, voir ce qui se passe au niveau du robot, surveiller ses animaux et effectuer des tris si besoin, même à distance… « Le rapport à l’animal a aussi changé », avec près de 900 paramètres disponibles. « Je peux être plus réactif, sachant par exemple quand une vache est en chaleur avant les manifestations physiques ».
La gestion du temps est différente. Mais difficile de valoriser seul autant de données. L’homme reste le pivot central dans l’élevage. « Quand tout marche bien, on a tendance à ne plus aller dans la stabulation. C’est alors que les problèmes surviennent. » En augmentant le nombre de traites (2,1 traites /jour/VL en période de pâturage nuit et jour à 2,8 lors des périodes en bâtiment), la production des 57 VL est passée de 8 000 à 9 500 L. Et le nombre de leucocytes a diminué. Quelques modifications alimentaires ont dû être mises en place, ainsi qu’un travail sur l’orientation des trayons en génétique. « Cet investissement de 135 000 €, avec les aménagements, sera amorti sur 10 ans. Cela équivaut au coût d’un salarié à mi-temps ».
Avoir la bonne donnée pour prendre la bonne décision
Avec ces évolutions en élevage, « on nous demande aussi des données dans les champs », témoigne Pierre-Henri Hamon, entrepreneur à Iffendic. « Sur toutes les interventions culturales, nous sommes aujourd’hui capables d’apporter une plus-value aux agriculteurs. » Le seuil de compétence reste la quantité de données à analyser : laquelle choisir pour prendre la bonne décision stratégique ? Il existe des systèmes de classement automatisé des données aux États-Unis qui vont bientôt arriver en France, rapporte ce passionné à l’initiative du réseau Cléo, toujours en quête d’idées innovantes à tester sur le terrain.
Sensibiliser le grand public aux nouvelles pratiques
Si les personnes présentes étaient avant tout professionnelles, cette rencontre a permis d’échanger sur la manière d’alerter le grand public aux nouvelles approches agricoles. Élus locaux et agriculteurs ont songé à exploiter ce thème lors du prochain comice à Saint-Gonlay dans deux ans.