La Chambre d’agriculture du Finistère organisait une visite de sa plate-forme d’essais implantée au Gaec du Pilion, à Plourin-lès-Morlaix (29). L’occasion de comparer les variétés, les protections fongicides et les pratiques de l’agriculteur.
La volonté de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires peut avoir plusieurs origines. « Je l’ai fait pour aller dans le sens de la demande », témoigne Thierry Quéré, installé en production laitière à Plourin-lès-Morlaix (29), et entré dans une démarche Écophyto depuis 6 mois. Sur les 200 ha que compte son exploitation, 60 sont consacrés au maïs et 55 aux céréales, « à raison de la moitié en blé, l’autre en orge ».
Déjà coutumier des contraintes environnementales fortes, avec 25 ha situés en zone de captage en périmètre de protection 2 qui réduit notamment la durée de stockage de fumier au champ, il a petit à petit pris conscience d’une nécessité de réduire ses IFT, « par un CTE, puis une MAE. L’objectif aujourd’hui est de réduire les doses de phytosanitaires. Cette année, un seul fongicide a été appliqué sur orge grâce aux conseils des techniciens de la Chambre d’agriculture, mais aussi par la consultation régulière des Bulletins de santé des végétaux (BSV) ». Des efforts ont aussi été engagés pour le remplissage du pulvérisateur dans la cour de la ferme, car « les pollutions ont un impact très fort en cas d’erreur ». Même si la récolte n’est pas encore pesée, les cultures sont prometteuses, avec un état sanitaire des dernières feuilles des céréales satisfaisant.
Ne pas faire le nid des adventices
La modification de l’itinéraire technique amène parfois à des changements dans la flore observée dans les parcelles. Ainsi, après plusieurs années avec une stratégie de désherbage en prélevée sur maïs, l’agriculteur finistérien a choisi de tout passer en post- levée. « Plutôt que d’appliquer des molécules dans le sol, je préfère désherber à vue. La flore se développe et s’adapte quand les stratégies ne changent pas ». Historiquement, la parcelle où se situe le champ d’essai contient de la folle avoine.
« La pression céréalière est forte, les parcelles en herbe étant proches des bâtiments. La rotation classique est composée de maïs, de blé et d’orge, et même si un ray-grass est semé en dérobée, le cycle des mauvaises herbes n’est pas cassé, ce qui fait le nid de ces adventices ». La folle avoine a cette année été maîtrisée par l’application d’Alkera (Pinoxaden à 50 g/L et Cloquintocet-mexyl à 12,5 g/L), à raison de 0,7 L/ha. « La dose homologuée est de 1,2 L/ha. Il convient d’être vigilant sur les Délais avant récolte (DAR), il est porté pour cette spécialité à 60 jours », rappelle Louis Le Roux, conseiller cultures sur l’antenne de Morlaix (29). Pour booster l’efficacité de l’herbicide, Thierry Quéré a utilisé du sulfate d’ammonium, à la dose de 1 L pour 100 L de bouillie.
Une préférence pour les hybrides
Si des rendements en grain supérieurs sont régulièrement constatés en variété hybride en comparaison aux lignées, Louis Le Roux rappelle que « 4 à 9 q sont nécessaires pour la rentabiliser. Si elles sont plus tolérantes aux maladies, c’est aussi parce qu’elles sont plus récentes. Avec un semis moins dense de 30 %, il convient enfin d’être très vigilant au niveau désherbage, le salissement est plus important ». La plateforme d’essai compare différentes stratégies de protection fongicide. Réponse cet été.