« S’engager en système herbager réclame patience et réflexion »

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Installé en périphérie urbaine, Xavier Bresset joue la carte de l’extensification depuis 2012. Il accueillera les visiteurs chez lui, vendredi 2 juin. Rencontre. 

À Plaintel, Xavier Bresset conduit 60 laitières sur 65 ha pour 360 000 L de lait vendus par an. Sur le site, sa femme mène un atelier de 12 000 pondeuses Label Rouge. « En 2010, nous nous sommes arrêtés pour réfléchir sur le devenir de l’exploitation. Notre volonté étant de la pérenniser pour la transmettre. » On parlait de plus en plus de l’arrêt prochain des quotas, de la spécialisation et du levier volume. « Mais notre structure n’était pas taillée pour ce challenge. Nous avons donc choisi l’extensification. »

Le Costarmoricain reste marqué par son installation en 1984. « Ce que subissent les producteurs de lait actuellement, nous l’avons vécu : des moments difficiles à la mise en place brutale des quotas. Un frein terrible à nos projets d’aménagement de JA. Il a fallu différer… S’adapter en diversifiant grâce aux pondeuses dès 1989 pour trouver un complément de revenu, sinon il aurait fallu aller chercher un salaire à l’extérieur… »

De 20 à 50 ares par vache accessibles

À partir de 2012, le système évolue. « Par pallier, en testant la méthode… », insiste le producteur. « Ce n’est pas évident de passer de 8 300 kg à 6 600 kg de lait par vache par an en augmentant la surface de prairie de 6 ou 7 ha chaque année. » En 2012, le maïs représentait plus de 35 % de la SAU, les prairies couvraient 20 ha. En 2017, 47 ha sont désormais en herbe. Un contrat de MAEC SPE 12 – 70 évolution a été signé en 2015.

« Dès la 2e année d’engagement, les objectifs sont atteints : le maïs ne couvre que 10 % de la SFP et l’herbe 73 % de la SAU… » Parallèlement, en créant 2 km de chemins stabilisés et en développant peu à peu les réseaux d’eau, les 20 ares accessibles par vache en 2012 ont atteint 50 ares. « Je n’aurais jamais imaginé amener mes laitières à 800 m du siège. Mais, bien canalisées sur ces chemins, elles vont toutes seules au champ. »

A la recherche de la vache herbagère

« Le défaut de la Prim’Holstein en système herbager est la reproduction. Je veux notamment travailler sur le volet fertilité grâce au croisement avec de la Rouge suédoise », explique Xavier Bresset qui expérimente le croisement trois voies. Des génisses croisées sont d’ailleurs déjà en élevage. « La Montbéliarde apporte un bonus sur les questions de comptages cellulaires et de taux. C’est aussi une race qui subit moins de fonte musculaire à l’herbe en début de lactation. » Aujourd’hui, Xavier Bresset regrette de ne pas avoir adopté cette stratégie plus tôt. « Pour moi, le système herbager invite à penser très vite croisement de races. »

50 journées de formation en 5 ans

Ce bouleversement « progressif » est primordial pour Xavier Bresset qui estime que « certains basculent très, peut-être trop, vite vers le système herbager ou bio. » Il insiste sur l’accompagnement. « On a besoin de repères. J’ai suivi 50 journées de formation en 5 ans sur la méthode Obsalim en alimentation, la santé animale, la conduite du pâturage, en salle ou lors de portes ouvertes. Surtout, il faut intégrer un groupe d’éleveurs qui partagent la même motivation et avancer ensemble. On progresse beaucoup plus vite. »

La transmission toujours dans la tête

Début mai, la ferme s’est engagée vers l’agriculture biologique. « Pour moi, passer en bio doit être un non-événement. C’est juste une suite logique dans la recherche de valorisation. Le plus difficile est de mettre en place en amont le prérequis d’un système herbager », résume l’éleveur. « C’est aussi l’idée de transmettre sur des valeurs qui nous sont chères et non pas sur des volumes », rappelle Xavier Bresset installé à 800 m du centre de Plaintel. « Depuis 30 ans, nous avons essayé de transformer cet environnement contraignant en atouts à travers nos choix : système fumier composté, priorité à l’herbe, volaille Label Rouge… Nous voulons que l’atelier permette de dégager un revenu décent. Je vise demain un objectif ambitieux mais réalisable de 2 500 € de marge brute / ha de SFP. En même temps que nous passons au bio, nous réfléchissons au passage de relais dans quelques années. »

170 € / 1 000 L d’EBE

Les résultats technico-économiques semblent au rendez-vous malgré le contexte laitier dégradé. « Mon EBE / 1 000 L se situe à 170 € à comparer aux 115 € moyens des clôtures de décembre chez Cerfrance. En 2012, mon coût alimentaire était de 90 € / 1 000 L, aujourd’hui il est de 61 €. Et je vise de baisser encore… » Avec des vaches dehors 280 jours par an, la priorité au pâturage permet de descendre à 9 € / 1 000 L depuis la fermeture du silo de maïs en mars. « Créer des chemins vers les prairies ne coûtent pas cher par rapport au coût de la mécanisation pour récolter de l’enrubanné ou de l’ensilage. Je préfère voir mes animaux brouter au maximum, la faucheuse à l’avant et la tonne à lisier à l’arrière. »

En pratique : La porte ouverte, organisée par le Cédapa et le Gab 22, a lieu vendredi 2 juin, dès 13 h 30 (la Noë Morvue, fléchage depuis le bourg) à Plaintel. Contact : 02 96 74 75 50


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