Les œufs plein air ont aujourd’hui le vent en poupe. S’installer en 2017 en tant que producteur d’œufs nécessite d’adopter cette nouvelle dimension dans sa réflexion.
Les consommateurs réclament plus de place par animal, plus de grand air, moins de contention, moins d’antibiotiques, de chimie, d’OGM…
Horizon 2020
Depuis 2012, les œufs commercialisés en code 3 doivent être issus de poules élevées dans des cages aménagées avec moins d’animaux par m2. Ces nouvelles cages ont nécessité des investissements lourds. Jusqu’en 2022, ces éleveurs doivent donc se positionner sur des marchés correspondant à leur mode de production avec le risque de se trouver sur des marchés moins rémunérateurs. Des contrats ont pu être signés, leur permettant d’équilibrer en trésorerie. Seront-ils renouvelés ? Sur quelles bases ?
Les œufs en code 3 représentent 54 % des œufs coquille vendus en GMS et 80 % de la transformation en ovoproduits. Suite à différentes campagnes sur le bien-être animal, plusieurs enseignes commerciales se sont engagées à modifier leur approvisionnement en œufs : Monoprix, Atac, Aldi et dernièrement Système U. Cette enseigne s’engage à ne commercialiser que des œufs issus de poules élevées en plein air d’ici 2020 au plus tard. Sodexo (restauration collective) et Aldi se sont fixés une échéance à 2025. S’étant appropriée cette demande, la filière s’est elle-même fixé un objectif de 50 % de poules élevées en système alternatif contre 32 % aujourd’hui.
Vigilance sur le prix d’achat de l’exploitation
Un jeune agriculteur, souhaitant s’installer en œufs via une reprise d’élevage existant, doit être très vigilant sur le prix d’achat de l’exploitation. Les investissements réalisés en 2012 étaient lourds, certes, mais pour quelle rentabilité en 2017, 2018 ? Pour bénéficier d’un contrat de production intéressant, faut-il prévoir d’investir encore dans des systèmes alternatifs (plein air ou autre) ? La visibilité laissée par Système U aux éleveurs jusqu’en 2020, bien qu’intéressante, ne résout pas le problème et 2020, c’est demain !
L’estimation de la valeur d’un outil intègre différentes méthodes d’évaluation :
- patrimoniale, qui va prendre en compte les montants réellement investis par le cédant et conduit souvent à une sur-valeur d’un outil,
- évaluation selon la rentabilité future, elle prend en compte la capacité de l’entreprise à générer des résultats dans les années à venir. Elle est à privilégier pour déterminer le prix d’achat d’un élevage.
Le prix d’achat doit tenir compte de l’adaptabilité des bâtiments à répondre à un cahier des charges. Dans l’exploitation à reprendre, les bâtiments, selon leur localisation et leur configuration, sont-ils adaptables à un nouveau mode de production pour répondre à un cahier des charges particulier ? Si la réponse est non, alors le prix d’achat doit en tenir compte. En effet, à défaut de pouvoir intégrer certaines démarches de qualité pouvant générer une plus-value sur le prix des produits, le futur JA devra produire avec un coût de production le plus faible possible. Cela peut devenir irréalisable lorsque le prix d’achat initial de l’exploitation est trop élevé.
Marie-Line Roussel / Cerfrance Finistère