Comment faire vieillir les vaches ?

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Vêlages précoces, vaches qui vieillissent et primipares commercialisées… Au Gaec de la Saudraie, l’élevage de la laitière est tout autant un art qu’une passion.  

« Notre objectif est de mettre en avant la mixité des races brune et Prim’Holstein qui vont très bien ensemble », démarrent Aurélie et Antoine Cogneras, éleveur à Langourla (22). « La Prim’Holstein est tout de suite productive. La Brune, un peu moins précoce, apporte de la matière utile dont on voit l’intérêt aujourd’hui. À l’échelle du troupeau, chaque mois, les taux rapportent une plus-value d’au moins 2 000 € », calculent-t-ils. Dans les bilans génétiques, le Gaec de la Saudraie à se distingue en note globale : au 1er rang en race Brune avec 86,6 points contre 85,2 en Prim’Holstein.

En termes de sélection, les associés mettent particulièrement l’accent sur des postes incontournables, mamelle et membres. Par ailleurs, les 30 % d’animaux du troupeau en 4e lactation ou plus sont frappants. « C’est en 3e et 4e lactations que les vaches expriment leur fort potentiel et qu’elles deviennent rentables », estime le jeune homme. Une longévité construite à chaque étape de l’élevage, dans un système assez classique où les vaches passent près de 6 mois en bâtiment à la mauvaise saison.

[caption id= »attachment_27571″ align= »aligncenter » width= »408″]Antoine Cogneras, Gaec de la Saudraie Antoine Cogneras, Gaec de la Saudraie[/caption]

Vêlages précoces pour carrières longues

Tous les animaux qui mettent bas très jeunes sont ceux qui vieillissent le mieux. « Le foie n’a pas pâti, la mamelle est bien collée… En plus, par rapport à une stratégie à 30 mois, cela fait un lot de jeunes à suivre en moins. » En moyenne, les Brunes vêlent à l’âge de 26,8 mois, les Prim’Holstein à 24,6 mois. « Ce sont de bons résultats puisque les génisses sortent au pâturage dès 6 mois. C’est alors plus compliqué de faire de la croissance. Mais au moins, elles se musclent les pattes », apprécie Antoine Cogneras.

Cette première mise bas précoce est un objectif prioritaire. « C’est là qu’on valorise au mieux les génisses. Elles n’ont pas un gros gabarit au vêlage. Elles éclatent en 1re lactation et deviennent vraiment des vaches au tarissement. Ensuite, elles démarrent la 2e lactation tambour battant… »

« Les fourrages, c’est la santé »

Pour les associés, les deux points clés de la longévité sont le confort du logement et la qualité de la ration. « De la paille, de la paille, de la paille… Si on ne tient pas à genou dans la logette, ce n’est pas assez confortable pour la vache. Avec 7 kg par place et par jour, chez nous, c’est comme une aire paillée », précisent-ils. « Notre repère pour estimer la qualité du logement : dans le troupeau, il n’y a pas de gros jarret et plus de 90 % des vaches ont du poil sur le jarret. » Originaire de Corrèze, la famille a rapporté le savoir-faire de l’herbager dans ses valises. Le troupeau sort au pâturage début avril. « Pas avant pour être sûrs de ne pas avoir à le rentrer car on vise le moins de transitions alimentaires. » Depuis la reprise de l’exploitation en 2008, les surfaces en herbe sont en augmentation, celles en maïs en recul.

« Ensilages de luzerne depuis 6 ans, de ray-grass anglais et de maïs épi, betterave… Grâce à ce travail sur les fourrages et la diversification de la ration avec des matières premières produites et valorisées sur la ferme, la santé des vaches s’est améliorée », estime Antoine Cogneras. Pour l’hiver, il plébiscite notamment le « cocktail santé luzerne + betteraves » dans la ration mélangée. « La betterave, c’est le bonbon des vaches. Avec un impact très fort sur les taux et un effet hépatoprotecteur. La luzerne, c’est de la fibre et de la protéine à la fois avec un côté presque médicamenteux. »

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De la demande en Brune

Conséquence de ces vaches qui durent, le Gaec commercialise des animaux en lait depuis des années. 27 ont ainsi été vendus en 2016, « pour un chiffre d’affaires qui paie le salarié », calcule le couple. « En ce moment, il y a une forte demande en Brunes. Nous servons en priorité nos clients fidèles en Bretagne, dans le Calvados… Tout ce qu’on vend, c’est ce qu’on aurait gardé. La meilleure des récompenses pour nous est quand les acheteurs rappellent pour exprimer leur satisfaction ou reviennent chercher d’autres bêtes. »

Porte ouverte

15 exposants professionnels (reproduction, conservation des fourrages, matériel d’élevage, bâtiment…), atelier sur l’élevage des génisses, point sur le mash fermier à volonté des veaux, vente aux enchères d’animaux vivants et d’embryons, à 15 h, restauration sur place… Jeudi 22 juin, dès 10 h, lieu-dit la Saudraie, Langourla (22). Infos : 06 86 59 27 78.


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