Éric Lautout est producteur de lait à Saint-Laurent. Il y a une dizaine d’années, son système de production n’était pas très efficace économiquement. Au fil du temps, il a tout chamboulé. Il accueille les visiteurs jeudi.
En début de carrière, Éric Lautout a d’abord cherché à intensifier son système laitier. « Les génisses étaient élevées à l’extérieur. Cela libérait de la surface pour produire des céréales. Le maïs occupait 25 ha. » En 2007, il réalise une étude technico-économique, « une photo du moment de l’exploitation », avec les conseillers de la Chambre d’agriculture. « La conclusion soulignait notamment une efficacité économique faible, une installation de traite en bout de course et des terres humides peu adaptées aux cultures », se rappelle l’éleveur installé à Saint-Laurent.
À partir de cela, une feuille de route a été produite pour guider la stratégie à mettre en place sur l’élevage. « Autour de deux axes principaux. Essayer de baisser les coûts fourragers et de concentrés en valorisant mieux les surfaces. Mais aussi améliorer les conditions de travail pour limiter le pic d’activité du printemps où s’enchaînaient mise à l’herbe, traitements sur les céréales, semis des maïs, fauche et récolte de l’herbe… »
Diminuer l’astreinte
À cette époque, il teste la monotraite pendant deux mois pour se dégager du temps à consacrer aux cultures. « Certaines vaches ont très bien encaissé. D’autres moins et déclaraient une mammite ou perdaient du lait. L’état des animaux et la reproduction étaient, en revanche, meilleurs. » En 2008, un stagiaire de passage sur l’exploitation interpelle Eric Lautout : « Pourquoi tu ne mets pas de trèfle dans tes parcelles ? ». L’éleveur laitier fait alors le test en se disant que 5 kg de semence de trèfle à l’hectare n’allaient « pas mettre l’atelier en péril ». Depuis, il n’a pas implanté une prairie sans y glisser du trèfle… C’est à ce moment-là qu’il commence à se former auprès du Cédapa et progresse sur l’utilisation des prairies grâce aux échanges au sein du groupe Trégor formé avec des éleveurs voisins. « Quand on revient à l’herbe, on réapprend son métier », apprécie-t-il.
Augmenter la valorisation du lait
L’année suivante, des Jersiaises sont importées notamment du Danemark, « une race mieux adaptée à la monotraite pour sa capacité à retarder la descente de lait dans la mamelle. Et puis, avec une ration aujourd’hui majoritairement à l’herbe (2 ha de maïs pour 78 UGB), la production faible du troupeau est compensée par la capacité de la Jersiaise à fabriquer de la matière utile. Les taux m’apportent en moyenne 80 à 100 € / 1 000 L de plus-value en plus du prix de base du lait bio. »
Passé en bio en 2010 et, désormais, grâce à une bonne marge lait sur coût alimentaire (504 € en 2016 – 2017), malgré un volume de lait vendu de 212 000 L, Éric Lautout estime dégager un EBE « correct » (82 335 € en 2016 -2017). Profitant du temps libéré dans cette nouvelle approche, le producteur de lait s’est attaché à autoconstruire au maximum son nouveau bâtiment. « Une stabulation neuve équipée de 80 logettes et de racleurs électriques. Une installation de traite 2 x 8 simple équipement dimensionnée pour le petit gabarit des Jersiaises…
Un projet tout compris, traite incluse, à 3 000 € la place. » Ces charges de structure qui n’inquiètent pas l’herbager. « L’économique se fait en maîtrisant les charges opérationnelles avant tout. Chez moi, elles ont baissé de 30 % par rapport à 2009 alors que j’ai aujourd’hui plus d’UGB. »
Rationnaliser le travail
Aujourd’hui, Éric Lautout emploie 2 salariés à mi-temps. « À terme, j’aimerais embaucher un UTH à temps plein à condition de mieux quantifier et rationnaliser le travail. » À ce propos, il travaille actuellement à installer des vêlages groupés en février et mars. « Avec la Jersiaise, c’est plus simple : je n’ai jamais à intervenir. Objectif à terme : 80 % des naissances sur 6 semaines comme les Irlandais. Et puis les animaux trop décalés sont vendus. C’est une aubaine car il y a vraiment de la demande. »
Porte ouverte Jeudi 15 juin, à 14 h, chez Éric Lautout, lieu-dit Rubriand à Saint-Laurent (Bégard). Informations : 02 96 74 75 50.
Repères
- 72,5 ha de SAU : 70 ha d’herbe (40 ha accessibles, soit 50 ares pâturés par vache), 2 ha de maïs ;
- 2 UTH ;
- 80 Jersiaises (20 génisses gardées par an) ;
- 3 000 L de lait produits par vache et par an ;
- 230 000 L de lait produits (56,7 de TB, 39,2 de TP en 2016).