Lait : « Notre modèle familial a une valeur »

denieul-jaouen-kerlir-chambre-agriculture - Illustration Lait : « Notre modèle familial a une valeur »
Suite à la session de la Chambre régionale d’agriculture, les présidents ont fait part des pistes ouvertes pour tenter de renouer avec davantage de marge sur les exploitations.

Dans un monde globalisé où le consommateur a accès à toutes les marchandises au coût le plus bas, les présidents des Chambres d’agriculture de Bretagne souhaiteraient voir émerger un mode de consommation différent qui leur permettrait de se réapproprier de la marge. « Nous devons trouver un moyen de valoriser notre modèle familial », ont-il déclaré lors d’un point presse le 31 mai à Rennes (35), en aval de la session de la Chambre d’agriculture régionale qui se tenait la veille à Plérin (22).

« Vous avez des exigences sur nos façons de produire. Intéressez-vous aussi à nos conditions de travail, nos niveaux de revenu, comme nous nous intéressons à votre pouvoir d’achat à travers la maîtrise de nos coûts de production », déclare Jacques Jaouen, le président de la Chambre d’agriculture de Bretagne. « Nous devons retisser des liens, construire avec les consommateurs. Ces derniers ont confiance en nous. Les industriels utilisent notre image et nos valeurs et nous n’avons pas de retour. Le principal amortisseur, c’est toujours les éleveurs. Aujourd’hui, ils expriment leur ras-le-bol », explique Marcel Denieul, président de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine.

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L’heure est au questionnement : « Nous avons longtemps été producteurs d’un lait apte à toutes les transformations, sans s’intéresser à la valeur. Ce modèle est sans doute caduc, car ce lait est remplaçable par n’importe quel autre venu d’ailleurs et moins cher. On entend aujourd’hui parler de filières sans OGM, de pâturage… Comment s’en saisir et construire de la valeur ? Aujourd’hui, nous souhaitons anticiper pour ne pas vivre ce qui s’est passé dans l’œuf. C’est une remise en cause de choix historiques. » Face à la situation difficile vécue par les producteurs depuis plus de deux ans, les élus identifient plusieurs leviers à actionner. « Sur les exploitations, chacun doit trouver dans son système le plus d’efficience possible. Des aides à l’analyse et des indicateurs sont proposés par les Chambres d’agriculture. »

Élément de stabilisation du revenu

Les politiques publiques peuvent aussi aider les agriculteurs. À l’échelle européenne, les élus plaident pour des outils de corrections des déséquilibres de marché, comme la régulation de l’offre aujourd’hui entendue à Bruxelles. « Nous souhaitons aussi mener une expérimentation si le règlement Omnibus, actuellement en discussion, est adopté. Dès 2018, il serait alors possible de débloquer des fonds par secteur quand la perte de marge sera supérieure à 20 % », souligne Laurent Kerlir, président de la Chambre du Morbihan.

Fiscalité et aide au salariat

Au niveau national, les élus demandent une évolution de la fiscalité. « Nous devons pouvoir mettre en place une épargne de précaution, en lien avec une fiscalité réformée. Un crédit d’impôts pourrait aussi être accordé pour les dispositifs d’aide à la décision. Nous attendons par ailleurs le nouveau gouvernement sur le droit à l’erreur. » Sur la région, outre les soutiens aux investissements, les agriculteurs pourraient être aidés à devenir des employeurs, au vu du salariat qui devrait se développer dans les prochaines années. « L’approvisionnement local devrait par ailleurs être favorisé. » Autant de pistes à consolider. 

 


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