Voici déjà quelques années maintenant que le drone s’est invité en agriculture. Il lui reste cependant de nombreux usages à développer, notamment celui de la pulvérisation. Le point.
Lorsque l’on évoque le sujet du drone en agriculture, c’est le plus souvent pour parler de précision. L’outil, qui s’est fait remarqué ces dernières années, a déjà trouvé ses premiers usages : cartographie, topographie, inspection de zones difficiles, nettoyage et traitement de surface (toiture par exemple), ou, de manière plus ludique, la vidéo. Des sociétés spécialisées comme AirInov pour la partie cartographie, ou AgriLoad pour le largage de trichogrammes, ont déjà su tirer profit de cette technologie.
Plusieurs types pour plusieurs scénarios
Car le drone ce n’est pas seulement cet engin stationnaire muni d’une caméra vidéo que l’on aperçoit le plus souvent entre les mains d’une jeune génération avide d’impressionnantes démos de matériels agricoles. Chez les professionnels, le drone est utilisé surtout pour ses capacités à embarquer du matériel de mesures ou des charges plus ou moins lourdes : jusqu’à 25 kg pour une opération « à la vue du pilote » dans un espace vide de tout habitant, comme nos champs. Une masse considérable qui laisse entrevoir de nombreux usages.
La société AirInov y embarque par exemple une caméra multispectrale Séquoia, du constructeur de drone Parrot, capable de déterminer l’état de santé d’une culture afin d’intervenir localement, plus tard. La plupart des constructeurs de matériels de pulvérisation ont déjà leurs outils compatibles avec les données de cartographie exportées par le drone.
AgriLoad, partenaire de Triskalia sur la Bretagne, s’est quant à lui fait remarqué par son système de largage de trichogrammes pour lutter contre la pyrale du maïs. Les deux usages se veulent complémentaires et peuvent s’utiliser conjointement afin de limiter la surface de traitement à son strict nécessaire. Il y a toutefois une utilisation qui reste sur le banc de touche : la pulvérisation.
[caption id= »attachment_27766″ align= »aligncenter » width= »680″] L’aéronef repliable de DroneVolt, commercialisé par Agram. L’Hercules 20 et ses 3 m d’envergure peuvent transporter 12 litres de liquide et traiter une surface proche de 2 ha en 10 min.[/caption]
La loi française encadre l’usage
Au Sima 2017, deux fabricants ont attiré les regards des passants avec des drones capables d’embarquer réservoir de liquide et bras de pulvérisation. « Avec ses 3 m d’envergure et ses 12 L de capacité, l’Hercules 20 peut traiter 1,8 ha en 10 min avec une précision centimétrique », détaille Michaël Montagné de la société DroneVolt, fournisseur du drone de pulvérisation Hercules 20 pour Agram. Mais la précision n’est pas le seul atout ; on peut également citer la santé de l’opérateur qui, grâce « au plaquage du produit pulvérisé par les hélices sur le végétal et à la distance de pilotage », se retrouve protégé de toute brumisation. Sans compter les avantages agronomiques à ne pas faire venir le tracteur dans le champ.
Du côté du chinois DJI, leader du drone de loisir, on évoque déjà 3 000 ventes de drones agricoles MG-1 sur l’Asie. Et AgriLoad ? Leur drone est déjà opérationnel, et testé… avec de l’eau. Car en France, et plus généralement en Europe, la pulvérisation est particulièrement encadrée. Et si, lors du salon de Paris, certains parlaient de « flou juridique » sur l’usage de ces aéronefs, il n’en est rien, la loi française est claire : l’article L253-8 du code rural interdit l’épandage aérien de produits phytosanitaires sauf dérogation préfectorale. Nul doute que la France, qui a su encadrer convenablement le marché en plein essor du drone de loisir, saura assouplir dans les années à venir sa réglementation devant la voix toute tracée de la pulvérisation de précision.