Utilisateurs et salariés du service de remplacement Sdaec et du groupement d’employeur Terralliance reviennent sur les enjeux d’une double-structure qui emploie 300 équivalents temps pleins.
Pour cette assemblée générale fêtant les « 40 ans d’emplois locaux » du Sdaec, adhérents et personnel se sont donné rendez-vous à Guingamp (22), dans le secteur où l’entreprise est née, pour une table ronde toute en décontraction. « Le défi, complexe, du Sdaec est d’être capable d’organiser des remplacements sept jours sur sept en prenant en compte les contraintes du planning et de la réglementation du travail… », démarre Lucie Le Gonidec, chargée d’activité territoriale depuis 2011, « cheville ouvrière du lien » entre salariés et adhérents. « Rappelons que notre activité se fait dans le cadre d’événements heureux comme une naissance, des congés parentaux, un week-end, des vacances… Mais surtout, dans 60 % des cas pour de l’urgence », insiste-t-elle.
« Une assurance indispensable »
À ses côtés, Josiane Mazévet qui conduit une exploitation laitière et porcine à Bringolo (22) témoigne. « En près de 40 ans de carrière, mon mari et moi avons eu plusieurs ennuis de santé débouchant sur des arrêts de travail consécutifs et longs. Parfois de plus d’un an. À chaque fois, ça a été simple de passer le relais au remplaçant dès le lendemain d’une hospitalisation d’urgence. Comment aurions-nous fait si nous n’avions pas été adhérents ? » Alain Perchec, producteur de lait à Saint-Laurent (22), parle d’une assurance « indispensable », « une garantie que l’entreprise fonctionne toujours en cas de pépin ».
Interrogé sur la place du service de remplacement dans un Gaec à trois, Patrice Binet, éleveur à Saint-Barnabé (22), est très clair. « Jeune, on se croit indestructible. J’ai eu des responsabilités au CNJA et je travaillais comme un fou le dimanche pour rattraper ce que je n’avais pas fait pendant mes absences. Nous avons fini par comprendre que nous évoluions sans filet à la ferme. Une prise de risque énorme. Pour le Gaec, l’adhésion a toute sa place. C’est la garantie de pouvoir maintenir, en cas de coup dur, notre organisation et nos calendriers personnels et éviter que la surcharge d’activité se reporte sur les deux autres. »
L’embauche d’un temps partiel
Sébastien Guillaume, installé en lait avec ses parents à Plumieux (22), abonde. Avant cela, il a été salarié de remplacement pendant six ans au Sdaec. « Je suis intervenu pour tout motif : accidents, congés de paternité, vacances… » L’histoire d’un Gaec à cinq associés ayant connu trois arrêts de travail la même année l’a marqué. En 2018, au départ en retraite de sa mère, il sera désormais seul et réfléchit à basculer vers l’embauche d’un temps partiel grâce au groupement d’employeurs. « Un adhérent est quelqu’un qui a compris que la plus grande des richesses sur l’exploitation, ce sont les éleveurs », conclut Patrice Binet.
'Créateurs de temps libre'
« Mes parents étaient adhérents. J’y suis entrée pour acquérir de l’expérience pendant 6 mois avant de m’installer. Je n’en suis jamais repartie… », raconte-t-elle. « J’aime l’urgence, changer de maison, c’est dans mon tempérament. Pendant longtemps, l’a priori sur les femmes a été tenace mais la compétence n’a pas de sexe. Je trais les vaches bien sûr, mais j’aime aussi le matériel… Certains exploitants ont eu du mal à le comprendre au départ. »