Loin. Avec ses deux consonnes qui encadrent ses deux voyelles centrales comme une forteresse, ce mot sonne l’équilibre. Il est pourtant fréquemment employé pour dénoncer un déséquilibre. Particulièrement chez les Bretons de l’Ouest qui voient l’éloignement comme un handicap : loin de Paris, loin des centres de décision, loin des zones de consommation, loin du cœur de l’Europe… Loin de tout.
Mais être loin est-ce toujours un inconvénient et proche un avantage ? Il ne suffit en effet pas d’être bien positionné sur une carte pour se garantir les lauriers du succès et du bien-être. Ainsi, les dernières élections présidentielles ont mis en exergue les difficultés économiques et sociales du nord-est de la France dont les habitants ont largement exprimé leur désarroi par un vote contestataire. Cette région proche du riche quadrilatère nord-européen formé par Bruxelles, Luxembourg, Hambourg, Groningen s’affiche comme un îlot de désespérance malgré son atout géographique.
La région a su faire de son éloignement un ressort de dynamisme.
À 1000 km de distance, la Bretagne ne jouit pas de cette proximité avec les territoires les plus riches d’Europe. Mais la région a su faire de son éloignement un ressort de dynamisme. Quand on ne peut compter que sur ses propres forces, on devient sans conteste plus imaginatif et plus entreprenant. Si l’on ajoute à cela la (légendaire) pugnacité des Bretons et leur forte identité culturelle, on rassemble là les ingrédients qui ont forgé le tissu socioéconomique régional parfois jalousé, souvent envié.
Pour rester en pointe, la région devra cependant savoir séduire les jeunes diplômés qui seront les forces créatrices de demain. Le challenge est encore plus important dans la partie occidentale de la région qui se fait siphonner une partie de sa jeunesse bien formée par les métropoles.