Producteurs de lapins et d’œufs se sont donné rendez-vous mercredi 24 mai au Leclerc de Carhaix pour dénoncer les difficultés dans leur filière respective. Des problèmes souvent engendrés par les dérives des stratégies de la grande distribution.
« Depuis 2007, nous vendons notre production de lapins à perte. Une situation qui s’est encore aggravée depuis 18 mois pour devenir aujourd’hui catastrophique », lance un éleveur de lapins lors d’une manifestation dans le supermarché Leclerc de Carhaix (29) mercredi 24 mai. Depuis plusieurs semaines à l’appel de la FNSEA et des JA, les cuniculteurs se mobilisent pour aller voir les GMS qui ne jouent pas le jeu de la répartition équitable des marges au sein de la filière.
Revalorisation de 0,20 €/kg vif demandé
« Aujourd’hui Leclerc pratique des prix abusifs sur les marques de distributeur (MDD), malgré les discussions réalisées récemment. Concrètement, il faudrait 1,50 €/kg en plus sur le prix de vente des MDD pour que les éleveurs puissent espérer avoir une augmentation sur le prix de rachat de leur production », alerte un responsable de la FDSEA du Morbihan. La Fenalap et la CFA demandent une revalorisation de 0,20 €/kg vif payé au producteur et une répartition des marges plus équitable au sein de la filière. « Ces 0,20 €/kg de vif en plus c’est aujourd’hui tout simplement le revenu d’un éleveur de 700 lapines reproductrices produisant 40 000 lapins de 2,5 kg par an », commente un éleveur.
[caption id= »attachment_27348″ align= »aligncenter » width= »680″] Les producteurs de lapins ont stickés les barquettes pour dénoncer les prix trop bas qui ne permettent pas de rémunérer les éleveurs.[/caption]
La filière lapin menacée d’extinction
En 2016, la cotation moyenne du lapin a atteint 1,69 €/kg vif soit une baisse de 2,9 % par rapport à 2015 où la cotation moyenne était de 1,74 €/kg vif. En plus des conséquences sur les prix, les éleveurs réduisent la production en été afin de ne pas engorger le marché. Il y a 10 ans, la Bretagne comptait 250 éleveurs de lapins, aujourd’hui, ils ne sont plus que 120. « À cette allure et compte tenu de la crise, la filière est menacée d’extinction en Bretagne. »
L’œuf bio en produit d’appel
Les producteurs d’œufs ont profité du mouvement lancé par les éleveurs de lapins pour protester contre la façon dont la grande distribution impose la cessation de vente des œufs cages. « Certaines enseignes et Leclerc en particulier font de l’œuf biologique un produit d’appel en le bradant en dehors de toute considération de valeur. En février 2017, la différence de prix de vente consommateur observée, pour une boîte de 6 œufs bio de marque de distributeur, était de 55 %. Cette enseigne massacre les prix de la qualité et renforce d’autant la vulnérabilité de l’amont.
De plus, le distributeur exige des baisses de prix sur les œufs de poules en cage, prétextant la fin rapide du modèle dont ils sont à l’origine et pour continuer à s’enrichir sur le dos de la production », s’indigne un responsable syndical. Producteurs de lapins et d’œufs ont ainsi sensibilisé les consommateurs carhaisiens à leurs problèmes en leur distribuant des œufs et de la viande de lapin en ayant pris la précaution de « sticker » le code-barres pour que les produits passent gratuitement à la caisse.