Le 4e concours Prairies Fleuries met en avant des actions qui visent à favoriser la biodiversité de sites sensibles. Rencontre avec le lauréat de la catégorie prairies pâturées.
Les paysages bocagers bretons renferment des secrets parfois insoupçonnés. À regarder des vaches pâturant paisiblement dans les champs, il est difficile de s’imaginer la quantité d’êtres vivants présents et actifs dans ces prairies. Le concours des Prairies Fleuries, organisé par le Parc naturel régional d’Armorique, le syndicat de bassin de l’Elorn et la Chambre d’agriculture du Finistère, met en avant ces sites qui concilient élevage et biodiversité. Pour sa première participation, Hervé Cillard, agriculteur installé à Botsorhel, a décroché le 1er prix dans la catégorie « prairie pâturée ».
Éleveur de Limousines, il a commencé à restaurer une prairie humide dans une démarche volontaire, avec l’appui du syndicat mixte du Trégor, en retirant les ronces et en entretenant les arbres. Désormais ouverte, la prairie laisse s’épanouir plus d’une cinquantaine d’espèces de végétaux différents. Ces parcelles, à la gestion délicate, permettent d’élever « une bande de génisses par an. Une petite douzaine d’animaux est mise en pâture une première fois au mois de juin, pendant une semaine, avec un avancement au fil. Les vaches reviennent ensuite en août, puis plus tard dans la saison si la pâture le permet », explique l’éleveur primé.
De l’herbe, même en été sec
Pendant les fortes chaleurs, les Limousines profitent de l’ombre du bocage et d’une herbe toujours présente même en cas de longues périodes sèches. « Il faut être vigilant par rapport aux nombreux tiques présentes », confie Hervé Cillard.
L’ importante variété d’espèces végétales donne des propriétés inattendues au foin sur les parcelles fauchées. « J’ai observé des vaches malades préférer plutôt le foin de prairie » . Une façon de se soigner par les plantes.
[caption id= »attachment_27648″ align= »aligncenter » width= »680″] Hervé Cillard, sur la prairie fleurie primée de Botsorhel.[/caption]
Pour Luc Guihard, chargé d’étude naturaliste et animation/formation à Bretagne Vivante-SEPNB, et un des juges de ce 4e concours de prairies fleuries, « le cortège floristique est impressionnant, diversifié et attractif. C’est une prairie intéressante pour la faune invertébrée, notamment avec la succise des prés, qui sert de plante hôte à la chenille du Damier de la succise. Le fait que les parcelles soient environnées de bois favorise aussi le développement des papillons ».
Le juge a donc apprécié cette prairie oligotrophe riche en carex hérissés, en cirse des anglais ou en flouve odorante, « graminée qui libère des parfums de foin. La présence de nard raide, qui a peu d’intérêt agronomique, montre le côté pauvre et acide du terrain. La cinquantaine de taxons donne au final un cocktail intéressant en tanins ».
Pour le naturaliste, ces milieux « ont une valeur et se raréfient. Pourtant, leur fonction par rapport à l’eau, et notamment de dénitrification, est essentielle, car l’horizon organique travaille comme une éponge. L’équilibre qui s’est mis en place ici est difficile à avoir, mais il a été obtenu par une bonne gestion de ce capital ». Les prairies fleuries sont aussi en quelque sorte les témoins et les collectionneurs des différentes espèces du territoire breton, et qu’il faudra maintenant défendre lors de la finale nationale qui se tiendra au Salon de l’agriculture, à Paris.
Le palmarès du concours
- 1er prix « section pâturage », à Hervé Cillard, de Botsorhel.
- 1er prix « section fauche », au Gaec Le Bourhis, de Scrignac.
- Mention spéciale du jury « biodiversité remarquable », au Gaec des Chênes, M. Gourvil, de Plougonven.
- Mention spéciale du jury « démarche d’exception », au Gaec Picart, de Bodilis.