Très peu d’agriculteurs ont participé à la consultation « Pac après 2020 » organisée par Bruxelles. Ils sont pourtant concernés au premier chef. Cette faible mobilisation reflète une lassitude et un certain fatalisme paysan face à toutes ces réformes qui se succèdent depuis 1992 et qui… finalement n’apportent rien de mieux dans les fermes. Illustration avec la réforme de 2013 qui s’est accompagnée d’une très forte volatilité des prix constitutive de difficultés financières dans les exploitations.
Ce déséquilibre, l’Europe n’est pas prête de le rectifier compte tenu de la baisse prévisible du budget alloué à l’agriculture de 3 milliards d’euros en lien avec le Brexit. Pire, la révision de la Pac à mi-parcours pourrait se traduire par une baisse anticipée des aides dès 2018. Quant à savoir s’il fallait une grande consultation publique pour hiérarchiser les priorités de la prochaine Pac, il est permis de douter. Il y a déjà longtemps que Bruxelles a décidé qu’elle sera orientée vers le consommateur et plus verte.
L’accord de Paris sur le climat appuie cette orientation en insérant la Pac dans la lutte contre le réchauffement climatique et le développement durable. Mais si l’Europe s’attaque à la volatilisation des gaz à effet de serre, elle se montre peu empressée à mettre les gaz sur la volatilité des prix. Quid dans la « Pac après 2020 » des outils de gestion de marché pour accroître la résilience financière des exploitations agricoles, comme le font les États-Unis au travers du dernier Farm Bill axé sur la couverture des risques ? Or, comme le fait remarquer si justement le think tank Momagri : « Plus l’agriculteur sera soumis au diktat du prix mondial, moins les standards chers aux consommateurs européens pourront être respectés ».
SALADIN M-J
Que l’on commence par arrêter de goudronner et de bétonner .