Des améliorations sont ou seront demandées par les citoyens européens en matière de bien-être animal, y compris chez les bovins. Ces démarches devront trouver une valorisation.
Relayées par les associations de défense des animaux ou anti-élevage, les grandes questions sur le bien-être animal concernent la production laitière : la sortie des animaux, la séparation du veau de sa mère, l’écornage (surtout sans anesthésie) et les pratiques de sélection. Le « productivisme » des élevages, les process qui altèrent la qualité et l’alimentation des animaux (OGM) inquiètent aussi. Ces données sont issues des enquêtes réalisées par le Cniel.
Pas que les « bobos »
« Aujourd’hui, ces problématiques ne sont plus réservées aux « bobos » parisiens… Les consommateurs du monde rural sont aussi inquiets », précise Véronique Pardo, anthropologue à l’Observatoire Cniel des habitudes alimentaires. Elle ajoute que « dans l’esprit des gens, le bien-être des éleveurs est aussi en lien avec le bien-être animal. » Une vraie demande de transparence et de prise en compte de la douleur des animaux ressort.
L’éthique animale doit donc être au cœur des projets de filières aujourd’hui. « Plus que de communication, les gens sont en attente d’évolutions sur de vraies questions. Il est urgent de revenir à « l’éleveur nourricier » et ne pas accepter l’étiquette de « l’éleveur barbare ». Les agriculteurs doivent expliquer leurs pratiques et participer au débat intellectuel (éthique, philosophique, juridique) et médiatique. »
Laboratoire d’innovation territorial sur le bien-être
C’est tout l’objet du Laboratoire d’innovation territorial « Ouest Territoires d’Élevage » créé cette année, associant coopératives, Chambres d’agriculture, centres techniques, Inra, associations citoyennes… « L’ambition est d’améliorer les conditions d’élevage et de vie des éleveurs et le bien-être et la santé des animaux de ferme, en discutant de façon apaisée. C’est un enjeu décisif pour les filières animales de l’Ouest, alors que les éleveurs connaissent des difficultés économiques, ne se sentent pas reconnus… Les consommateurs sont prêts à payer plus pour le bien-être animal », cadre Hervé Guyomard, de l’Inra.
« Nous devons nous fixer un cap pour rattraper notre retard par rapport aux pays d’Europe du Nord. » Plusieurs axes de travail ont été identifiés : repérage des innovations, évaluation simple et robuste du bien-être animal, prise en compte de la douleur, des comportements naturels… « Nous souhaitons aussi que les acteurs de la distribution et de la restauration hors foyer s’impliquent. » Une condition pour que ces productions qui doivent être différenciées soient aussi valorisées au niveau du maillon producteur.