Pour voir Bréhat autrement qu’avec un œil de touriste, connaître son histoire et découvrir les endroits cachés, les visiteurs font appel à Jean-Michel Correc. Ce guide connaît l’île aux fleurs comme sa poche.
Pour se rendre sur l’Île de Bréhat, il faut embarquer pour 8 minutes de traversée en vedette au départ de la pointe de l’Arcouest à Ploubazlanec (22). À peine les pieds posés sur l’île c’est le dépaysement garanti. Tout le monde y circule à pied ou à vélo. Les rues sont trop étroites et les voitures ne peuvent pas les emprunter. Le tracteur-taxi est le seul engin habilité à transporter des personnes sur l’île. Lorsqu’une personne vient sur Bréhat la première fois elle traverse l’île sud puis l’île nord par la rue principale jusqu’au phare du Paon puis redescend pour retourner à la vedette. « Les visiteurs ont 2 craintes en venant sur l’île : se perdre et rater le bateau pour rejoindre le continent », indique en plaisantant Jean-Michel Correc, un guide expérimenté proposant des balades pour découvrir les endroits cachés de Bréhat.
Des anecdotes collectées auprès des Bréhatins
Cela fait environ 10 ans que Jean-Michel Correc travaille sur Bréhat. « Mon 1er job était animateur dans un centre de vacances. C’est à partir de là que j’ai souhaité faire découvrir aux touristes l’histoire de l’île aux fleurs, les endroits cachés et les nombreuses anecdotes des Bréhatins », explique le guide. Il s’est d’abord plongé dans les bouquins et cite en référence le livre « Bribes d’histoires de l’archipel bréhatin » qui est une compilation de chroniques écrites par Louis Menguy, le dernier recteur ayant exercé sur l’île. Mais ce sont surtout les échanges avec les habitants de Bréhat qui ont enrichi ses connaissances et lui ont permis de découvrir les plus beaux endroits. En cette journée de début juillet « Jean-Mi », comme le surnomment les Bréhatins, retrouve un groupe de 30 personnes pour une balade contée de 2 heures.
[caption id= »attachment_28180″ align= »aligncenter » width= »680″] Le guide ne manque pas d’anecdotes puisées au gré de ses échanges avec les Bréhatins pure souche.[/caption]
L’île aux fleurs
Le guide débute la visite par une présentation de Bréhat : « 300 habitants vivent ici à l’année dont 40 à la maison de retraite qui génère à elle seule 30 emplois. 3 agriculteurs sont encore présents sur l’île. Il y a 2 hôtels, un camping, des locations de vacances et surtout des maisons secondaires. Pendant la pleine saison 4 000 à 6 000 personnes s’y promènent en journée et 2 000 à 3 000 y dorment. Son microclimat, particulièrement doux en hiver avec une moyenne de 6 °C, favorise une très grande diversité de fleurs et de plantes, d’où son nom de l’île aux fleurs. On y trouve des mimosas, des figuiers, des eucalyptus, des céanothes, des echiums, des agapanthes, des hortensias et même des palmiers. » Jean-Michel invite ensuite les visiteurs à le suivre dans une ruelle pour sortir rapidement de la rue principale qui traverse Bréhat. « Quand les gens choisissent de faire une balade avec moi, c’est aussi pour ne pas être dans la foule. Je choisis les chemins où je sais qu’on ne croisera presque personne. » En effet pas simple de se retrouver sur l’île lorsque les rues n’ont pas de nom et les maisons pas de numéros. « Certaines maisons portent un nom et d’autres non », s’en amuse le guide.
À la découverte des maisons de corsaires
Au détour d’un chemin, le groupe fait une halte devant un étang avec un petit bâtiment à côté d’une digue. « Devinez ce que nous voyons ? », demande Jean-Michel. Mais personne n’a la réponse. « C’est un moulin à marée construit entre 1633 et 1638. C’est un très bon complément des 2 moulins à vent qu’il y avait sur l’île, cela garantissait de pouvoir moudre du grain pour faire de la farine même lorsqu’il n’y avait pas de vent. » Lors de la marée montante l’étang se remplit. Puis la roue à aubes du moulin est alimentée en eau au moyen d’une vanne qui libère le flux nécessaire provenant de la réserve d’eau. Le moulin peut alors tourner 6 heures puisque la marée descend encore 3 heures et remonte 3 heures pour atteindre la roue. « Il a produit de la farine jusqu’en 1920, date à laquelle un boulanger vient s’installer sur l’île et fait venir sa matière première du continent. » Le guide relance alors son groupe : « Allez, on va chercher les tout petits chemins. »
Ils empruntent un sentier où l’on ne peut marcher qu’en file indienne. « Je dis toujours aux visiteurs quand vous voyez ce type de chemin, prenez-le. Au pire, vous ferez demi-tour. Mais souvent il débouche sur les plus belles maisons de Bréhat ou des points de vue incroyables sur l’archipel. » Dans le cas présent, ce passage mène sur une magnifique et grande maison typique de Bréhat en granit rose construite à l’époque par un corsaire. L’occasion pour le guide de parler des corsaires qui étaient nombreux à habiter durant certaines périodes sur l’île. « Ils y étaient tranquilles, car c’était très compliqué d’y accéder en bateau à voiles avec les forts courants et tous les cailloux à fleur d’eau qui composent l’archipel. À l’époque, pour quelqu’un qui ne connaissait pas Bréhat, le risque était très important de laisser son bateau sur un des nombreux cailloux de l’archipel. » Après 2 heures de balade le groupe n’a pas vu passer le temps. Le guide les invite alors à revenir pour une promenade différente avec d’autres anecdotes et leur conseille pour la prochaine fois de passer la nuit sur Bréhat car l’ambiance est différente et encore plus magique.
Contact : Jean-Michel Correc propose des balades en groupe ou personnalisées à partir de 2 personnes. contact@guide-brehat.fr // 06 27 76 20 98 // www.guide-brehat.fr