Les résultats économiques du secteur agricole français en 2016 sont particulièrement dégradés. C’est ce que montre l’Insee lors de la publication des chiffres lors de la Commission des comptes de l’agriculture national le 6 juillet. Le résultat net par actif non salarié en 2016 est en retrait de 21,9 % par rapport à 2015.
La « valeur ajoutée brute de la branche agricole » (y compris les subventions) par actif agricole (salarié et non salarié) a baissé de 8,4 % en 2016 par rapport à 2015. Un recul très marqué, alors que ce taux était positif sur les deux dernières années. Pourtant, les dépenses en intrants ont reculé (-3,6%) en 2016, en raison à la fois d’une moindre consommation en volume (-1,5%) et du recul du prix (-2,2%).
Les productions végétales davantage affectées
La valeur de la production agricole (hors subventions) brute des productions végétales (-8,7%) a été plus affectée que celles des productions animales (-4,3%) en raison du très net recul des rendements. Ce sont les céréales qui s’écroulent le plus, en particulier le blé tendre avec une valeur de la production agricole en recul de 36,8 %. Les grandes cultures et les productions viticoles sont toutes en recul. Ce sont les pommes de terre qui s’en sortent le mieux (+19%) ainsi que les fruits et légumes (+6%). En productions animales, presque toutes les productions reculent ou stagnent en valeur. La production de lait et produits laitiers connait un très fort décrochage de sa valeur ajoutée (-7,8%). Seule la production porcine connaît une hausse significative en 2016, avec une valeur ajoutée en progression de 3,8%.
« Les pouvoirs publics doivent réagir »
«L’agriculture française est en crise. Cela doit interpeller de manière urgente les pouvoirs publics, tant nationaux qu’européens», a réagi l’APCA dans son communiqué du 6 juillet. Pour les chambres d’agriculture, cette prise de conscience est d’autant plus urgente que se profilent le Brexit et la réforme de la Pac de l’après 2020. «La réflexion doit activement s’engager pour redresser une situation agricole qui ne cesse de se détériorer», poursuit le communiqué. «A quelque jours des Etats généraux de l’alimentation, et avant de réfléchir à la nécessaire création de nouvelles valeurs ajoutées, il serait pertinent de réexaminer les conditions de partage des valeurs ajoutées déjà créées», insiste l’APCA.
Pour la CR, « la France doit renverser la table à Bruxelles »
A la suite de la publication des résultats de la Commission des comptes de l’agriculture de la Nation, la Coordination rurale estime que le gouvernement doit «impérativement renverser la table à Bruxelles et exiger une régulation basée sur des prix et une gestion raisonnée et efficace des volumes». Dans un communiqué du 6 juillet, le syndicat estime qu’«à défaut, le démantèlement de l’agriculture française va continuer sur fond de catastrophe économique, sociale et humaine, dont notre président et son ministre seront autant comptables que leurs prédécesseurs». Il note que «les agriculteurs font désormais partie des travailleurs pauvres !». L’Organisation des producteurs de grains (OPG) de la CR a également réagit dénonçant un dysfonctionnement de la Pac.
La FNSEA demande la poursuite du plan de Refinancement
Suite à la parution des comptes de l’agriculture 2016, la FNSEA demande, dans un communiqué le 5 juillet, de «poursuivre le Plan de consolidation et de refinancement des exploitations agricoles comme s’y était engagé le gouvernement précédent». Le syndicat demande que l’accompagnement des exploitations en difficultés «constitue plus que jamais une priorité», et la généralisation sur tout le territoire de diagnostics financiers et économiques initiés par certaines régions. Ces résultats confortent également la FNSEA dans l’idée que «le chantier de la répartition de la valeur dans la chaine alimentaire doit être un enjeu prioritaire» des Etats généraux de l’alimentation.