Le temps médiatique a imposé son tempo : « Tout, tout de suite et moi en premier». Aujourd’hui, l’effet d’annonce caracole devant l’annonce de l’effet. Les politiques et les décideurs apparaissent davantage comme des baladins de la communication que des acteurs. Comment pourrait-il en être autrement puisque, pour avoir des idées, il faut prendre le temps de réfléchir et de confronter ses points de vue. Réagir à tout, à tout moment, est antagoniste aux projections sur le long terme.
Les États généraux de l’alimentation qui seront lancés les prochains jours cèderont-ils à cette doxa de l’immédiateté et de l’ego, occultant l’objectif premier pour les agriculteurs. Objectif résumé en 5 mots par Emmanuel Macron, le 9 juin dernier : « Vivre dignement du prix payé ».
Ce cap présidentiel risque en tout cas d’être rapidement brouillé par les partenaires qui se sont agglutinés autour de ces États généraux. Et pas seulement par les transformateurs et les distributeurs qui seront invités à faire des propositions sur le partage de valeur ajoutée. Les querelles idéologiques pour définir le modèle agricole de demain bouillonneront également entre syndicats paysans.
Quant à la société civile et les organisations environnementales, elles ne manqueront pas de mettre en saillie leur tropisme agro-écologique au détriment des fondements économiques élémentaires. Sans oublier la volonté de l’administration de garder la main sur ce dossier. Tous ces « généraux » de ces États généraux défendront « leur » modèle, oubliant que la défense de l’agriculture de demain est un exercice d’ordre collectif et de long terme. Et une urgence. Or, ce grenelle peut vite se transformer en nébuleuse… comme bien d’autres avant lui.
Au fait, qui se souvient des résultats engrangés par les États généraux initiés en 1982 par Edith Cresson ?