« Dis seulement une parole et je serai guéri ». De la parabole chrétienne multimillénaire à aujourd’hui, les mots qui donnent confiance et espoir n’ont pas changé. Les producteurs de lait attendent une parole. Un signe du « dieu marché ». Ce signe positif sur le prix à la production qui ouvre l’horizon sur des perspectives encourageantes. Seule cette hausse de rémunération est capable aujourd’hui de terrasser ce mal insidieux qui s’infiltre lentement mais sûrement dans les campagnes. Jusque chez les éleveurs les plus motivés qui finissent par douter. Par ne plus croire en leur métier, ne plus croire en eux-mêmes. Du jamais vu.
Peut-on comprendre en effet, quand on est dans sa ferme et que l’on s’acharne à bien faire, à faire toujours de son mieux, que l’on ne récolte pas le prix de son labeur quand le beurre flambe et menace de manquer ? Comment comprendre quand on est laitier que son voisin producteur de porc profite instantanément d’un retournement de marché et que la lenteur pèse sur la filière laitière. Avec le cochon à 1,50 €/kg naissent à nouveau des projets dans les exploitations porcines. Avec un lait à 300 €/1 000 L germent des envies de démissionner.
Tous les responsables professionnels savent qu’il est urgent de donner des signes positifs pour ne pas assécher partiellement les tours de séchage. Le prix du lait de 330 € annoncé pour septembre – peut-être un peu plus du fait de l’insistance alarmiste des producteurs – s’annonce ni plus ni moins comme cette parole qui guérit. À condition que la grande distribution répercute les hausses, que les pays européens voisins ne profitent de la brèche pour accaparer des parts de marché en France, que l’Europe n’y voit là un prétexte pour ouvrir les vannes des 350 000 t de poudre en stock dont personne ne sait vraiment quoi faire.