Voulus par Emmanuel Macron, les États généraux de l’alimentation seront officiellement lancés le 20 juillet. Pour autant, l’organisation reste pour le moins « floue ».
Les États généraux concentrent beaucoup d’espoir dans les filières, mais également une crainte que cela se termine par « much ado about nothing » comme aurait dit W. Shakespeare c’est-à-dire « beaucoup de bruit pour rien ».
Cette grande réflexion doit consacrer un large débat sur la création et la répartition de la valeur dans les filières agricoles. « Pour vivre dignement de son métier », il faut selon Emmanuel Macron « rouvrir nombre de relations commerciales, rouvrir parfois des évidences du droit européen, rouvrir certaines dispositions législatives qui depuis plusieurs années ont conduit des filières à beaucoup souffrir ». Vaste chantier. D’autant que toutes les filières espèrent chacune pouvoir puiser dans le fonds de 5 milliards d’euros annoncé sur 5 ans par le gouvernement pour renforcer la compétitivité.
Attente et circonspection
Alexandre Merle, président d’Interveau, observe tout ce remue-ménage avec circonspection. La filière veau, très intégrée, ne rentrera pas dans les débats. Il note qu’ « il n’y a pas de place pour les filières autour de la table ». La FNSEA portera donc l’ensemble des messages de la profession. Rien n’empêchera pour autant les syndicats de filières de prendre la parole. « Rien ne nous interdira de nous exprimer. Jamais ! », s’enflamme André Bonnard, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).
Jérémy Decerle, président de Jeunes agriculteurs, pense « qu’il faut se servir de ce rendez-vous pour poser des jalons et restructurer les filières ».
La profession compte aussi sur les États généraux pour préparer la future Pac. Dominique Langlois, président d’Interbev, résume bien la situation : « Parler de compétitivité des filières, c’est inévitablement parler de la prochaine Pac ».
Passer par la voie législative
Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse (En marche), éleveur, président de l’abattoir de Montmorillon et de la Coopérative Celmar, a été mobilisé par Emmanuel Macron pour participer à ces États généraux. Il affiche une vision beaucoup plus interventionniste et parle non pas d’ateliers, d’échanges ou de débats mais bien de « négociations au niveau national et régional ». Il confirmait, le 12 juillet, que l’organisation était encore en cours. « Il y a une obligation de résultat » derrière les États généraux de l’alimentation, considère-t-il. Une différence fondamentale, selon lui, avec la série de tables rondes qu’avait pu organiser Stéphane Le Foll en 2015 dans les filières laitière et bovine. D’après lui, le gouvernement peut tout à fait reprendre la main à la fin des États généraux, quitte à passer par la voie législative, si les « négociations n’ont pas abouti ».
Renforcer les OP
Dans la filière laitière, l’enjeu législatif est majeur. La loi Sapin 2, visant entre autres à renforcer le pouvoir des producteurs dans les négociations de prix, n’est pas encore appliquée dans sa totalité. Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, a assuré le 7 juillet, durant son déplacement dans la Manche, que « les premières orientations réglementaires, et le cas échéant législatives, seront connues dès la fin du mois de septembre. […] Elles viseront notamment à renforcer le rôle des organisations de producteurs (OP) dans la perspective des négociations commerciales qui débuteront à l’automne entre producteurs, transformateurs et distributeurs.