La période de conversion, quand le prix du lait est conventionnel, les charges bio et les aides en attente, peut être délicate au niveau économique. Exemple chez Lionel Ehanno, à Theix.
Lionel Ehanno, à la tête d’une ferme de 135 hectares et 85 laitières, a dû jongler au niveau de l’alimentation des animaux, la deuxième année de conversion en bio. « J’ai choisi une conversion non simultanée. J’ai débuté la conversion le 15 mai 2015. Dix huit mois plus tard, en novembre 2016, le lait produit était valorisé en bio. Mais, dès le 15 mai 2016, je ne pouvais plus nourrir mes animaux avec des fourrages produits en conventionnel. J’ai donc vendu le stock restant de maïs ensilage, normalement distribué pendant la période estivale ». Ce stock a été remplacé par du maïs épi bio acheté. À un prix supérieur…
Importance de la date de conversion
[caption id= »attachment_27921″ align= »alignright » width= »146″] Lionel Ehanno[/caption]
« Je n’ai pas pu réaliser l’ensilage d’herbe avant la date anniversaire du 15 mai 2016. Dans notre zone littorale, c’est déjà tard. L’herbe était déjà en épiaison quand elle a été récoltée ». Résultat : la qualité de l’ensilage d’herbe était de mauvaise qualité l’été 2016. La production s’en est ressentie dès le mois de juin (-9 % par rapport à l’année précédente). Cette baisse de production s’est amplifiée en septembre (ration hivernale) en raison de la diminution de la consommation de concentrés (liée au prix des aliments bio). Au final, sur cette année 2016-2017, la production par vache a baissé de 11 %. Les taux de protéine et de matière grasse ont également chuté (34,7 de TP à 33 et 41 de TB à 39,5).
Sur la dernière année de production, cette baisse équivaut à un manque à gagner de 5 500 €. Au niveau économique , la marge a fondu. De juillet à septembre 2016, elle n’était que de 263 €/1 000 litres (prix du lait toujours conventionnel et charges alimentaires élevées). Cette marge s’est redressée dès novembre 2016 (prix de vente bio) pour atteindre 381 €/ 1 000 litres de janvier à mars 2017. « Je ne regrette pas la conversion mais le choix de la date de début. J’aurais dû démarrer au mois d’avril pour pouvoir ensiler de l’herbe l’année suivante à une bonne période ».
[caption id= »attachment_27920″ align= »aligncenter » width= »680″] Lionel Ehanno présentait des animaux lors de la journée Innov’action, organisée par la Chambre d’agriculture. Le troupeau a un bon niveau génétique que l’éleveur entend conserver (vente d’animaux, d’embryons et de mâles au centre d’insémination).[/caption]
70 ha accessibles
Le système est désormais en place. Les 135 hectares sont consacrés à la production de fourrages ; 70 sont accessibles aux laitières. Le silo de maïs est fermé au printemps. Le parcellaire est organisé en paddocks de 1,7 ha : une quinzaine de paddocks, de jour (prévus pour 4 journées) et une dizaine de paddocks de nuit (pour 5 à 6 nuits). À certaines périodes, ces paddocks sont conduits au fil. Des chemins ont été réalisés pour y accéder et un réseau d’eau est aménagé avec des points d’eau éloignés des entrées de champs. Les prairies étaient à base de RGA-trèfle blanc. L’éleveur implante des prairies multi-espèces depuis l’an dernier. « La clé du système, c’est le pâturage, mais les stocks, en zone séchante, sont très importants également ».
Un affouragement en vert est réalisé très tôt dans la saison, lorsque le pâturage est encore difficile et en période estivale, sur des parcelles plus éloignées, réservées à la fauche, pour éviter d’enrubanner. Les colzas fourragers, implantés entre deux prairies, sont également apportés à l’auge (auto-chargeuse). L’objectif de production est de 6 000 litres par vache et par an. Les génisses ont du lait entier jusqu’à 3 mois, puis du foin, du maïs grain (2/3) et un correcteur (1/3) jusqu’à 6 mois. Elles vêlent vers 27 – 28 mois.