La culture de semence de ray-grass est pointilleuse sur tout l’itinéraire technique, le calage de la date de récolte est crucial. Pourtant, c’est une culture plusieurs fois valorisée par les producteurs.
C’est en début d’après-midi que la moissonneuse entre dans la parcelle. Ici, pas d’orge ou de colza à battre. La végétation à récolter est couchée, et s’annonce délicate. Il s’agit de récolte de ray-grass hybride porte-graines, une culture qu’André Minguy, installé sur la pointe finistérienne à Ploumoguer (29), maîtrise depuis 20 ans. « Les cultures porte-graines entrent parfaitement dans mes rotations », résume-t-il.
Rapidement, la machine de récolte s’avance, la trémie se remplit. Les tiges de ray-grass sont battues dans le même sens, afin d’éviter au maximum l’égrainage au champ. « La moisson est très délicate, les pertes peuvent être importantes. Un bon indicateur pour connaître la maturité de la plante est de s’avancer dans le champ à pied. Si les chaussures sont remplies, la récolte peut avoir lieu ».
Une conduite similaire à un blé
Le semis de cette variété Novial a été réalisé en septembre, après pomme de terre, à une densité de 9 kg/ ha pour favoriser le tallage. S’en est suivi un roulage, car il est important d’enfoncer les pierres présentes en surface pour que la moissonneuse puisse abaisser au maximum sa barre de coupe. Un désherbage est ensuite réalisé en prélevée.
« La conduite en sortie d’hiver est identique à un blé : une première fertilisation azotée est réalisée précocement, avec 40 unités. Le 2e apport a lieu en février/mars, avec 70 unités. Début avril, le ray-grass hybride demande un fauchage pour ensuite monter en graine, cette coupe est ensilée. Un 3e apport d’azote de 70 unités supplémentaires renforce les talles et assure la levée des épis ». Du côté de la fumure de fond, les champs reçoivent du fumier de bovin produit par l’élevage de l’exploitation avant implantation.
Désherbage rigoureux
Si la fauche élimine une bonne partie des adventices annuelles, un rattrapage est parfois nécessaire. « La vigilance est accrue pour éviter les plantes étrangères, les folles avoines ou encore les chrysanthèmes des moissons. La surveillance est aussi présente au niveau sanitaire, des fongicides peuvent être appliqués en cas d’attaque de rouilles, plutôt rares pour les ray-grass hybrides ». Pour Maryline Ruelloux, technicienne semences fourragères et céréales chez Triskalia, « les surfaces consacrées à la production de semences fourragères en Bretagne restent stables. 600 ha leur sont consacrés sur la région, produits par près de 80 agriculteurs.
Les espèces implantées sont des ray-grass anglais, italiens ou hybrides, mais aussi des fétuques ou des trèfles. Les rendements moyens sont de 15 q à l’ha en RGA, la rémunération aux normes pour le producteur revient entre 1 et 1,2 € / kg ». Pour le producteur, cette culture est plusieurs fois valorisée : un ensilage au printemps, une récolte des pailles de foin qui serviront à nourrir les génisses et les vaches, puis un pâturage au printemps prochain avant le semis de maïs.
Passage au séchoir obligatoire
[caption id= »attachment_28221″ align= »aligncenter » width= »680″] Le séchoir, de fabrication maison, peut recueillir les 16 ha de culture
de ray-grass hybride de l’exploitation. Il peut être démonté pour laisser de la place au stockage de pomme de terre.[/caption]
Suivant les conditions météorologiques, le tas de semence va descendre en humidité, à raison de 2 points par 24 h. « Le séchage à plat est plus doux que celui en tour. Au-delà d’une température de chauffe de 34 °C, la graine perd de son pouvoir germinatif. La chaudière a plus vocation à assécher l’air ». La graine ne coule pas comme dans un tas de céréales, et peut alors se prendre en masse. Une aération supplémentaire avec une chargeuse est alors nécessaire.