Dans le Finistère, Martine et Hervé Sévenou ont opté pour un prototype de micro-méthanisation. La chaleur est valorisée exclusivement lors de la préparation de la buvée.
Sur l’élevage de veaux de boucherie de Martine et Hervé Sévenou à Sizun (29), l’énergie utilisée par la ventilation dynamique et le chauffage de l’eau pour les buvées est électrique. « Pour 893 places, notre structure consomme 254 000 kWh par an (dont 71 % pour l’eau chaude), soit une facture de 21 000 € par an », rapporte l’éleveuse. « Mais le prix de l’électricité étant en hausse constante, il faut compter au moins 750 € de plus chaque année. » Face à ces charges croissantes, le couple a parié sur « un système inédit en France », une unité de micro-méthanisation (40 kW thermiques) dédiée à la production de chaleur autoconsommée.
« Nous visons une économie sur l’atelier et non pas une création de chiffre d’affaires comme pour un méthaniseur standard », explique Hervé Sévenou. « Au-delà du projet innovant, du combat contre les gaz à effet de serre (Ges) pour lequel la méthanisation est la plus efficace ou d’une meilleure valorisation de nos lisiers, ce projet est avant tout un challenge économique : stabiliser notre facture énergétique. »
« Un défi technique »
« Ce dispositif est particulièrement adapté aux ateliers de veaux de boucherie et pourrait trouver de l’intérêt en porcherie », reprennent Nicolas Angeli et Maxime Buche, d’Enerpro, qui ont développé le prototype. Le système paraît simple : un silo-tour isolé en fibre de verre de 9 m servant de digesteur relié à une enceinte attenante contenant une chaudière bigaz Thermigas (quand le méthane fermier manque, du propane du commerce prend le relais pour l’alimenter). L’empreinte au sol est limitée : 50 m2 à proximité du bâtiment d’élevage. « Mais le défi technique était important », insistent les deux ingénieurs. « 1 m3 de lisier de veau, peu méthanogène, permet de produire moins de 5 m3 de gaz… »
Réduire de moitié la consommation électrique.
Le lisier provenant de la préfosse est poussé par une pompe hacheuse et injecté toutes les 20 minutes en point bas du silo. « À l’intérieur, pas de pièces mécaniques, une conception très simple pour limiter les besoins en maintenance. Seulement des supports à bactéries augmentant le nombre de micro-organismes produisant le méthane au contact de la matière organique. » Le gaz s’accumule en haut du digesteur. Il passe ensuite dans une canalisation enterrée pour filtrage vers un container. Ce méthane est brûlé par la chaudière à haut rendement (modèle à serpentin compact breveté) qui réchauffe l’eau. Quand cette dernière atteint 80 °C, soit la température nécessaire à la préparation du lait reconstitué, elle est envoyée vers le bâtiment et stockée dans un tank de 10 000 L. « En faveur du rendement de l’installation, le digestat est également en partie réchauffé par la chaudière puis réinjecté en mélange avec le lisier frais pour maintenir une température interne de 35 °C. »
Le temps de séjour du lisier dans le digesteur de 50 m3 est réduit. « À la sortie, la déjection est désodorisée, tout aussi riche en azote et phosphore et sous une forme plus assimilable par les plantes offrant une gestion agronomique plus souple ».
Un second silo en projet
Démarrée en février dernier, l’installation approche de son rythme de croisière. « L’objectif est de produire un maximum d’eau chaude grâce à la méthanisation et d’abaisser la consommation électrique de 130 000 kWh par an », précisent Martine et Hervé Stévenou qui réfléchissent déjà à une 2e cuve pour booster la production de gaz. Mais comme les besoins en chaleur d’un élevage de veaux sont supérieurs au potentiel méthanogène de ce lisier peu chargé, la prochaine étape serait l’approvisionnement du système en incorporant des Cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive). « Il en faudrait au moins 40 t pour être autonome… », estiment-ils.
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