Contrairement à la volaille, la viande de porc souffre d’un manque de différenciation des produits, en termes de qualité ou de praticité. Une segmentation plus fine permettrait-elle d’enrayer la baisse de consommation ?
Une table ronde, avec des représentants de chaque maillon de la filière porcine, à l’assemblée générale d’Inaporc, a permis de mettre en avant quelques divergences sur l’intérêt et la manière de segmenter la viande de porc. Tout le monde s’accorde à dire que le logo VPF est un socle. Mais il ne suffit pas. Pour Gérard Cladière, cadre chez Carrefour, la demande évolue rapidement. « En porc frais bio, nous sommes toujours en rupture. Les rayons sont à moitié vides. Nous ne connaissons pas le potentiel du Label Rouge. Tous nos magasins ne sont pas approvisionnés faute de matière. Ceux qui le sont enregistrent des croissances de 10 % à 15 % par an en libre-service ». Il se réjouit du choix de son enseigne d’avoir misé sur le non-OGM, il y a une dizaine d’années. « Beaucoup d’opérateurs ne voulaient pas nous suivre. Nous avons persévéré. Aujourd’hui, c’est au tour du « sans antibiotique » de connaître une forte croissance ».
Valeur ajoutée
Sans antibiotique, sans OGM, riche en omega 3, bio, Label Rouge, ces créneaux porteurs, mais trop peu fournis selon les distributeurs, créent-ils de la valeur ajoutée ? « Oui », répond Frédéric Monnier, représentant des fabricants d’aliments. « C’est plus cher, mais valorisant pour tous les maillons. Attention cependant aux surcoûts liés à un éventuel trop grand nombre de segments. Il ne faut pas que cela devienne de l’épicerie, en raison des surcoûts engendrés ». Paul Auffray, président de la FNP, acquiesce et met en garde contre la confusion dans l’esprit des consommateurs.
« Il y a beaucoup d’allégations, souvent à l’initiative de la distribution qui confisque la valeur. Nous devons construire les démarches ensemble et ne pas confondre segmentation et marketing ». En porc, une bonne partie de la viande passe entre les mains des salaisonniers qui peuvent également démarquer leur charcuterie et participer à la confusion autour des appellations. Il faudra, de manière collective, trouver les solutions pour répondre aux attentes sociétales sur la qualité nutritionnelle des viandes, la praticité des produits ou le respect du bien-être animal, et, de ce fait, espérer enrayer la tendance lourde de baisse de consommation.