En mai 2008, deux scientifiques filmaient pour la première fois l’effondrement inédit d’un glacier au Groenland. Dans un fracas abyssal, la banquise reculait de 1,6 km en 75 minutes. Les scientifiques appellent ce phénomène, un vêlage. Il est vrai que cet éboulement brutal de blocs de glace de plusieurs milliers de tonnes dans l’océan n’est pas sans rappeler la chute d’un veau au sol dans une cascade de liquides amniotiques.
Ce mois de juillet, en Antarctique, un autre vêlage encore plus spectaculaire a eu lieu avec la rupture d’une crevasse de 200 km générant l’un des plus gros icebergs jamais vus par l’homme. Sous l’effet du réchauffement climatique, la banquise sonne la retraite aux deux pôles. Entre les deux, les températures s’échauffent et la terre a de plus en plus soif. À tel point que des agriculteurs du Sud-Bretagne et des Pays de la Loire modifient leur assolement, délaissant le ray-grass anglais adapté aux bruines britanniques au profit de graminées plus sobres, comme le moha et le millet.
Pour autant que les preuves du réchauffement s’accumulent, Trump relance le charbon et le gaz de schiste. De ce côté-ci de l’Atlantique, l’association « The Sfift Project », soutenue par une centaine de patrons français, enjoint au contraire l’Europe de maintenir le cap fixé par les accords de Paris sur le climat. Ces chefs d’entreprise ont intégré l’idée que la transition énergétique permettra de conquérir de nouveaux marchés dans l’énergie, les transports ou l’agriculture. L’OCDE leur donne raison ; elle estime en effet que les investissements dans la transition énergétique pourraient faire gagner, d’ici 2050, entre 2,8 et 5 points de croissance aux pays du G20.