Progresser en s’appuyant sur l’expérience de tuteurs : tel est le cœur de projet du GIEE « Apprendre à piloter l’activité biologique du sol et les cultures de manière économe », soutenu par le Conseil régional et l’État. Afin de maîtriser différentes techniques d’implantation, un essai est en cours sur le département.
Après la récolte de céréales à paille, Pascal Chaussec, installé à Édern, implante une dérobée composée d’un mélange de différentes espèces. La graminée choisie, un ray-grass d’Italie, avec une avoine diploïde, sont associées à 2 trèfles incarnat, 1 trèfle de Perse et un trèfle de Micheli. « L’objectif premier est de constituer un fourrage avec des surfaces pâturables à l’automne et à la sortie de l’hiver», explique le producteur.
Référent du GIEE au sein du comité de développement des agriculteurs du pays de Quimper, le Finistérien souhaite optimiser cette implantation, en testant différentes techniques, mais surtout en s’appuyant sur l’expérience d’Agri’Tuteurs, véritables spécialistes des cultures semées sans travail du sol. Derrière une dérobée productive rapidemen se cache aussi une volonté de préserver et de stimuler la vie biologique des sols, de mieux comprendre les facteurs agronomiques ainsi que les interactions entre micro-organismes et cultures. « Quand une dérobée ou un couvert fonctionne bien, la culture suivante fonctionnera bien ».
Fédérer autour de la technique
Pascal Chaussec en est convaincu : un système d’exploitation résilient passe par le sol. En limitant les passages d’engins et en remuant le moins possible la terre, il économise sur de nombreux points, comme la consommation d’énergie fossile, le temps de travail, et en sort un bilan carbone plus que convenable. C’est pourquoi un essai d’implantation avec différents matériels a été organisé en fin juillet. « Le semis direct a l’avantage de ne pas remettre en surface les graines d’adventices ». Un comptage de mauvaise herbe aura donc lieu pour comparer les bandes témoins, qui sont soit semées à l’aide d’un cover crop Lemken Rubin 9, soit par un Disc-O-Sem de chez Agrisem, soit par un Horsch SemExact de 3 mètres.
[caption id= »attachment_28968″ align= »aligncenter » width= »720″] Le semis du Horsch SemExact sera comparé à d’autres matériels, en mesurant le pourcentage de levée et le nombre d’adventices.[/caption]
Enfin, le semoir fabriqué par Sky, le Maxidril de 6 m a réalisé des implantations avec ou sans passage au préalable d’un train de disques. Dans ce cas, le semis se fait directement dans le sol. Pour se rapprocher des techniques de semis direct qui utilisent une pression des éléments de 200 kg, le réglage de l’appareil est modifié, pour atteindre alors 120 kg de pression. « Nous aurions souhaité tester du matériel de semis direct pur, mais ces équipements sont encore rares dans la région », estime Pascal Chaussec. Suivant les levées des espèces semées, le producteur espère aussi tirer des conclusions, pour diminuer la densité à l’hectare, et ainsi économiser en semences.
Test au pénétromètre
La parcelle d’essai fera aussi l’objet de différents tests avant d’être valorisée par les animaux. Ainsi, un test « au pénétromètre renseignera sur la portance des sols. Nous réaliserons aussi des tests à la bêche, en nous appuyant sur notre grille de lecture constituée d’un certain nombre de critères qui nous fait mieux juger de la fertilité et du potentiel du sol. Le travail simplifié permettra sans doute une sortie plus précoce des animaux ; dans ce cas, la boucle sera vertueuse avec en prime, une baisse significative du coût d’implantation et une croissance optimale de la culture suivante ».
[caption id= »attachment_28969″ align= »alignright » width= »186″] Pascal Chaussec[/caption]
Les connaissances doivent se combiner
Cet essai, bien que très simple, est symptomatique du travail accompli dans le cadre du GIEE ou le groupe, encadré de ses Agri’tuteurs comme Jean-François Sarreau, Alexis Clec’h, Erwan Caradec, Ronan Baron, Stéphane Kergoat ou Laurent Le Saint entre autres. On évolue vers une agriculture plus performante agronomiquement et plus résiliente aux crises. Nous analysons par exemple les contraintes de la parcelle : quelles adventices, quels précédents, quel type de sol pour anticiper la meilleure rotation.
Notre GIEE sert de petit laboratoire par la dynamique d’échanges, de formations et d’essais sur le terrain. Il permet d’observer que le renversement de table en cours, à savoir se sevrer progressivement d’un excès de chimie et de sur mécanisation vers une agriculture plus efficace biologiquement, suscite un intérêt certain. Toutes les connaissances et compétences scientifiques doivent se combiner à cet écosystème d’échanges, de savoir faire et d’anticipation entre professionnels et agriculteurs. La survie, la qualité et la fierté du métier en dépendent. Pascal Chaussec