Au Gaec des Lancieux, à Frasne (25), le pâturage est au centre du système alimentaire. Jusqu’à impliquer le déménagement de la salle de traite au cœur des pâtures en été.
Les quatre associés du Gaec des Lancieux, à Frasne (25), ont la volonté de valoriser le pâturage au maximum, sur leurs 340 ha de prairies naturelles. Pourtant, ils ont commencé, lorsque deux des frères se sont installés dans les années 70, sur une surface de 70 ha. Un plan de délocalisation leur a permis de quitter le village où ils ne pouvaient pas s’agrandir, pour multiplier par trois la SAU de l’exploitation, le cahier des charges de l’AOP comté exigeant 1 ha de prairie minimum par vache.
La référence laitière a ainsi pu évoluer dans les années 76 et 84, avec l’installation de deux de leurs fils, pour atteindre 1 000 000 L. Une reprise d’exploitation en 2008, leur permet de produire 1 250 000 litres produits par les 185 Montbéliardes et vendus pour la fabrication du comté, du Mont d’Or ou du morbier, faisant de l’exploitation une des plus importantes de la zone. Situé sur une zone avec trois filières en AOC, l’atelier lait leur permet d’obtenir une valorisation moyenne de 527 €/1 000 L pour cette exploitation familiale à l’organisation méticuleuse et aux méthodes de travail réfléchies.
S’adapter au système pâturant
Pour optimiser l’organisation du travail —un de leurs leitmotivs— ils ont construit un boviduc, aménagé des chemins et installé un peu partout des points d’eau pour faciliter la conduite de l’élevage. Et si les animaux se déplacent, les éleveurs suivent, eux-aussi, avec la salle de traite. En pleine période de pâturage, ils démontent et remontent —pour une journée de travail— entièrement la salle de traite 2×14 postes de la stabulation dans un bâtiment situé à 2 km au cœur des espaces pâturés.
L’hiver, le fourrage est distribué par un système de chariot sur rail, provenant de l’installation de séchage en grange. Le concentré est distribué en salle de traite. Le paillage s’effectue par le plafond. Dans les aires d’exercice, un robot racleur fonctionne 24 h/24.
Les vêlages sont groupés du 15 août au 15 janvier, quand les travaux dans les champs sont terminés. Les veaux ne sont alimentés qu’une fois par jour, avec un taxi à lait. Si tous les acteurs sont spécialisés dans leurs fonctions, chacun trait 3 fois par semaine. Tous les choix techniques et les investissements sont analysés via l’angle du travail.
400 000 € d’EBE
L’Excédent brut d’exploitation (EBE) s’élève à 400 000 €, représentant 54 % des produits. L’annuité s’élève à 40 % de l’EBE. La présence des animaux au pâturage est importante, les bâtiments sont assez vétustes mais fonctionnels, avec 170 places de logettes pour 185 vaches laitières. Les charges sont optimisées, mais les hivers rudes et enneigés obligent les éleveurs à distribuer 990 kg de concentrés par vache laitière. Ils n’investissent pas dans la réimplantation des prairies, « pour limiter le coût » selon les associés « et pour conserver la flore diversifiée, liée au terroir, qui donne la typicité du lait ».
L’investissement le plus important réside dans le stockage des fourrages, avec un an de stock. Néanmoins, l’exploitation a subi un préjudice de 100 000 € à cause d’une invasion de campagnols et de la sécheresse, qui ont impacté le rendement en herbe sur la dernière campagne. L’étude de l’installation future d’un des salariés s’est basée sur trois hypothèses de prix du lait : 540, 450 et 400 €/1 000 L.
Maxime Mainguy / Adam Da Costa