Depuis quelques années, c’est un rituel : les gouvernements successifs profitent de la trêve estivale pour prendre des décisions qui fâchent. 2017 n’a pas échappé à la règle. L’annonce de Stéphane Travert de ponctionner de 4,2 % les aides du premier pilier de la Pac a claqué comme un coup de tonnerre dans le monde paysan. Aussitôt, les syndicats ont vivement réagi en tirant un feu nourri contre cette décision. Mais pas pour les mêmes motifs. Les céréaliers auraient souhaité moins de prélèvement ; les agriculteurs bio auraient souhaité plus.
Les agriculteurs ont l’amère impression de payer deux fois la facture.
Un fait est que prendre ce dossier à l’envers a contribué à mécontenter tout le monde. Un chef d’entreprise qui a un projet, ficèle le financement avant de lancer les travaux ; la puissance publique fait l’inverse. Résultat, il manque au bas mot 1 milliard dans la caisse du 2e pilier de la Pac pour financer les aides bio, MAEC et ICHN. Les agriculteurs attributaires de ces aides ont cette amère impression de payer la facture deux fois alors qu’ils ont, eux, bien rempli leur contrat environnemental.
Dès 2015, la Région Bretagne qui, avec l’État et l’Union européenne, gère le 2e pilier de la Pac, s’enthousiasmait et, en même temps s’inquiétait, du succès des MAEC ; 60 % de l’enveloppe totale 2015-2020 étaient consommés la première année. Les retards de paiement se sont ensuite annoncés comme autant de signes avant-coureurs d’une impasse budgétaire. Pire, tout laisse penser que la décision du ministre ne suffira pas à combler le gouffre financier pour honorer les contrats signés avec les agriculteurs. Difficile dans ces conditions de trouver exagéré « l’amateurisme » fustigé par les Jeunes Agriculteurs.