Grand troupeau, petits paddocks

Le Gaec Le Bourrigaud accueillait des visiteurs vendredi dernier, lors d'une porte ouverte organisée par Pâture Sens, une structure spécialisée dans le conseil en pâturage. - Illustration Grand troupeau, petits paddocks
Le Gaec Le Bourrigaud accueillait des visiteurs vendredi dernier, lors d'une porte ouverte organisée par Pâture Sens, une structure spécialisée dans le conseil en pâturage.
Le Gaec Le Berrigaud, à Gourin, est en pleine mutation avec l’installation des deux fils. Si la structure évolue, le pâturage de précision reste la base du système.

La ferme de Renangoff, à Gourin, va prochainement doubler sa capacité de production. Le troupeau va passer de 70 vaches à 150 dès l’an prochain. L’arrivée de Goulwen dans le Gaec, avec son frère Gweltaz et leurs parents, porte la surface totale à 150 hectares (reprise d’un second site). Le système, déjà herbager, se verra renforcé par la motivation des deux frères à produire à l’herbe, avec le minimum d’intrants. Progressivement, les parents Le Berrigaud avaient modifié la conduite en supprimant le maïs et en livrant à Biolait. Les mélanges céréaliers devraient également disparaître. Les fils entendent optimiser le système en gérant au mieux les paddocks et la pousse de l’herbe.

Rotations rapides sur paddocks

Actuellement, les 70 laitières tournent sur une trentaine de paddocks de 0,7 hectare. Ces parcelles sont scindées en deux parties. Les vaches pâturent une moitié en journée et sont libres sur la totalité du paddock pendant la nuit. « Le temps limité (24 heures) sur des petites surfaces favorise le bon pâturage de l’herbe. Les vaches trient moins ; elles ne choisissent pas les espèces », explique Gweltaz le Bourrigaud.

Ce type de conduite favorise, selon eux, la pousse de l’herbe et limite celle de l’Agrostis stolonifère, une graminée de faible valeur, qui a tendance à coloniser la prairie au détriment des espèces semées. Le temps de retour dépend de la saison ; certains paddocks sont débrayés pour la fauche. Le temps de repos hivernal est respecté. La moyenne d’âge des prairies est d’une dizaine d’années. Les plus anciennes ont vingt ans. Elles sont, à la base, composées de RGA et de trèfle blanc. Le dactyle, semé sur les parcelles les plus séchantes, est en voie de disparition.

[caption id= »attachment_29964″ align= »aligncenter » width= »720″]Gweltaz le Bourrigaud, l'un des associés, au centre. Gweltaz le Bourrigaud, l’un des associés, au centre.[/caption]

« Peu d’intérêt dans un secteur où il pleut 200 jours par an (1 200 mm de pluie) pour une espèce ingérable qui étouffe toutes les autres… ». Depuis peu, les associés sèment du plantain dans les nouvelles prairies pour avoir une troisième famille de plantes dans le mélange prairial. Les rendements sont estimés à 9 – 10 tonnes de matière sèche dans les meilleures terres. Le fumier épandu est réservé aux parcelles qui baissent en rendement. Deux variétés de chicorée sont en essai sur une parcelle.

Croisées jersiaises

Malgré l’augmentation de la capacité de production, cette conduite du pâturage n’évoluera pas. Les laitières, jersiaises ou croisées, migreront vers le site repris où sera construite une nouvelle salle de traite (peu de bâtiments d’élevage pour limiter les investissements ; les vaches étant dehors toute l’année). Le site actuel sera essentiellement consacré aux génisses et aux taries (7 hectares de blé panifiable en culture de vente).

Les vêlages sont groupés, à partir du mois de mars. Après le départ en retraite des parents, les deux fils projettent de passer en monotraite, avec une période de fermeture de la salle de traite avant les vêlages. « L’objectif est de produire 600 000 litres de lait avec 180 vaches ». Les Holstein du troupeau d’origine ont été croisées avec des Montbéliardes et des Simmental. Une vingtaine de jersiaises ont été achetées récemment et sont inséminées par des taureaux Holstein. « L’objectif est de supprimer les vaches de type mixte qui prennent de l’état au détriment de la production ». La simplification du travail devrait également passer par un nombre plus important de saillies naturelles.

Actuellement, la période d’insémination est de six semaines ; les taureaux prenant le relais. L’objectif reste de faire vêler les génisses à 24 mois. L’expérience des vaches nourrices ne sera pas reconduite. « Trop de travail de contention en raison d’un manque d’équipement et mauvais état des vaches au sevrage ». Les veaux seront néanmoins sortis dès la première semaine, dans des endroits abrités, nourris au milk bar (distribution de yogourt), illustrant les choix forts des associés du Gaec. 


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