Si la production de lait biologique a permis de dégager en moyenne de bons revenus, les écarts entre producteurs sont grands. Le coût alimentaire est en première ligne.
L’écart entre les exploitations les plus et les moins efficaces atteint près de 149 € par 1 000 litres. Grâce à de meilleurs taux, le prix du lait est un peu plus élevé. Mais ils obtiennent un meilleur revenu que le quart inférieur surtout avec moins de lait vendu par UTH, par hectare de SAU, par vache, moins d’aliment distribué, moins de frais par hectare de surface fourragère, moins d’aides, moins de charges de structure également, en particulier sur les charges de mécanisation.
Viser l’autonomie
Le seul poste d’alimentation des vaches explique plus d’un tiers de l’écart de revenu. Le quart supérieur accepte une faible production par vache (inférieure à la moyenne) mais dépense peu pour l’alimentation. Les vaches reçoivent 420 kg de concentrés par an quand les élevages les moins efficaces en distribuent 730 kg. La baisse de production par vache est inévitable en bio, sous peine de dégrader fortement le coût de concentrés. En cause, le prix élevé des compléments azotés bio, à 490 € par tonne en moyenne en 2016. Par conséquent, les surfaces de maïs doivent être limitées. Les rations hivernales sont surtout constituées de foin et ensilages d’herbe, complétées d’ensilages de mélanges céréaliers immatures, d’ensilage de maïs, parfois d’un peu de betterave. L’ensemble présente des teneurs trop pauvres en énergie pour atteindre les productions par vache observées en conventionnel.
L’écart porte également sur le coût des fourrages. Non seulement les éleveurs les moins efficaces dépensent plus par hectare de surface fourragère produite, mais ils ont surtout recours à des achats de fourrage, là encore plus chers qu’en conventionnel, plus de 1 200 € par hectare en moyenne.
L’autre grand poste d’écart, c’est la mécanisation. L’écart de 23 € par 1000 litres se partage de façon à peu près équivalente entre : l’entretien du matériel, les amortissements, et les travaux par tiers (ETA, location). Le quart supérieur dépense aussi un peu moins de carburant.
En bio, l’autonomie alimentaire est essentielle pour ne pas dégrader fortement le coût alimentaire. C’est d’autant plus vrai en période de conversion, où les achats d’aliment ou de fourrages se font au prix du bio, mais les ventes de lait encore au prix du conventionnel. Le fonctionnement agrobiologique a sa propre logique et cohérence globale. Les exploitations qui se convertissent doivent chercher à l’intégrer et non copier le système conventionnel avec des ingrédients bio. Sinon, la déception peut être à la hauteur des attentes.
Pascale Van Belleghem